« Modèle de démocratie »: les Ghanéens ont voté pour élire leur président

Afriquinfos Editeur
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Les Ghanéens ont voté lundi pour choisir leur président, dans un duel où s’affrontaient le sortant Nana Akufo-Addo et son prédécesseur et rival de toujours John Mahama, un scrutin où le pays joue sa réputation de « modèle démocratique ».

A Jamestown, le quartier historique d’Accra, les partisans des deux principaux candidats ont chanté et dansé dans les rues juste après la fermeture des premiers bureaux de vote à 17H00 GMT.

« Je suis ici pour regarder et m’assurer que tout se passe bien », expliquait à l’AFP Ishmael Adjei, un jeune homme de 24 ans, installé sur un banc avec une vingtaine d’autres électeurs venus suivre le dépouillement dans un bureau.

Lors d’une conférence de presse, le Congrès national démocratique (NDC), le parti de M. Mahama, a appelé « tous les militants et les Ghanéens à rester vigilants », et à « se rendre dans les bureaux de vote pour surveiller le dépouillement ».

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Hormis quelques incidents rapportés dans le district d’Awutu Senya West, dans le sud du pays, aucune violence majeure n’a été signalée après l’ouverture des 38.000 bureaux de vote.

En votant à la mi-journée à Kyebe dans l’est du pays, Nana Akufo-Addo, leader du Nouveau parti patriotique (NPP), s’était dit « bien content du déroulement » des opérations.

Plus de 17 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir entre douze candidats à la magistrature suprême, dont trois femmes, et élire leurs 275 députés.

Comme la campagne, le vote a été placé sous le signe de la pandémie. Les électeurs, souvent porteurs d’un masque, étaient encouragés se laver les mains, et leur température prise à l’entrée du bureau de vote.

Le vainqueur devra remporter plus de 50% des suffrages. Le Ghana n’a jamais connu de second tour, les plus petits partis dépassant rarement les 1% des voix.

M. Mahama, 62 ans, et M. Akufo-Addo, 76 ans, se retrouvent pour la troisième fois consécutive et une fois encore, les résultats pourraient être serrés: en 2012, le premier l’avait emporté avec 50,7% des voix, puis en 2016 ce fut son grand rival, avec 53,8%.

Adversaires politiques historiques, ils se sont toutefois engagés à respecter les résultats et à garantir « la paix et la sécurité ».

« Pas d’emploi »

Depuis 30 ans, « cinq présidents se sont succédé en paix, et ont même légué le pouvoir à l’opposition à trois occasions », a rappelé le chef de l’Etat.

Lors d’une traditionnelle adresse à la Nation en amont du vote, il avait célébré le Ghana comme un « modèle de démocratie » sur le continent et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, région secouée cette année par des scrutins contestés et violents comme en Côte d’Ivoire voisine.

« Dans les bureaux que nous avons visités, tout était calme, sans incident », a affirmé lundi soir à l’AFP Kgalema Petrus Motlanthe, ancien président sud-africain et chef de la mission d’observation de l’Union africaine (UA).

De ce scrutin « il y a des leçons à tirer, leurs bonnes pratiques doivent être partagées avec d’autres membres de l’Union africaine », a-t-il ajouté.

L’actuel chef de l’Etat bénéficie d’un bilan plutôt positif sur le plan diplomatique et social avec la création de lycées gratuits et un meilleur accès à l’éducation pour tous.

Mais le chômage des jeunes a été un enjeu central dans cette campagne. Plus de la moitié des électeurs ont moins de 35 ans.

A Chorkor, un quartier pauvre d’Accra où vivent des pêcheurs, Nashua Ahmed votait pour la première fois.

« Le gouvernement a bien fait en matière d’éducation et d’électricité, mais s’il n’y a pas d’emploi, à quoi ça sert ? », dit la jeune fille, qui estime que le gouvernement « doit se rattraper » sur l’économie.

Depuis les années 2000, ce pays riche en or, cacao et plus récemment pétrole, a connu une des plus fortes croissances au monde.

Mais certaines régions continuent de vivre dans le plus grand dénuement et la crise provoquée par le coronavirus a durement touché le pays, dont la croissance cette année devrait tomber à 0,9%, selon le FMI (soit le taux le plus bas depuis plus de 30 ans).

M. Akufo-Addo  a été salué pour sa gestion de cette crise, mais il a été critiqué pour sa lutte anticorruption.

De son côté, M. Mahama, considéré comme avenant et proche du peuple, devra faire oublier les accusations de mauvaise gestion économique qui avaient empêché sa réélection.