Mauritanie : l’ouverture d’un dialogue pouvoir-opposition reste encore difficile

Afriquinfos Editeur
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Avec 78 sièges sur 147 à l'Assemblée nationale à l'issue des élections de novembre dernier, boycottées par dix partis les plus significatifs de l'opposition, le régime est en position de force. Mais, l'absence de l'opposition au parlement dérange et donne à sa majorité écrasante un goût d'inachevé.

Il est vrai que trois partis de l'opposition, dits " dialoguistes" (qui ont participé à une concertation avec le pouvoir) siègent au parlement, ainsi qu'un autre parti, "Tawassoul " des Islamistes modérés, qui était le seul de l'opposition radicale à prendre part au scrutin.

Face à cette situation, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a pris l'initiative, par la voix de son chef de gouvernement, de tenter de jeter les bases d'un nouveau dialogue avec l'opposition radicale.

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Ainsi, le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a rencontré, mardi, Mohamed Ould Maouloud, président de l'Union des Forces de Progrès (UFP), parti membre de la Coordination de l’Opposition (COD) dite "opposition radicale".

Il a exprimé le souci de l'exécutif de tout "mettre en œuvre pour garantir l'organisation de la présidentielle de juin prochain dans un climat apaisé et avec des conditions acceptable de tous".

De son côté, Ould Mouloud a particulièrement insisté sur "la nécessité d'instaurer un dialogue sincère", selon un communiqué de son parti.

Il a indiqué avoir dit au chef du gouvernement "qu'il faut un consensus national autour de l'élection présidentielle de juin 2014, car il n'est pas acceptable que le prochain président de la République soit mal élu".

Par ailleurs, le Premier ministre a adressé une invitation au président du Rassemblement de Forces démocratiques (RFD), Ahmed Ould Daddah, qui a tout simplement décliné son appel à une concertation. Ce refus du RFD, qui fait figure du plus grand parti politique au sein de l'opposition, risque de vider de son sens tout consensus éventuel.

Parallèlement à ce blocage, les partis de l'opposition rassemblée au sein du Front démocratique uni (FDU) ont appelé à un "Forum de la démocratie et de l'unité" auquel devront participer des personnalités indépendantes et des membres de la société civile.

Cette rencontre, prévue le 1er mars prochain à Nouakchott, devra, selon ses promoteurs, permettra de "rechercher des voies et moyens pour sortir de l'impasse actuelle, à travers une élection présidentielle consensuelle, transparente et crédible".

Par l'organisation de ce forum, l'opposition tente de tirer les leçons du passé et d'éviter d'aller en ordre dispersé à la prochaine présidentielle pour affronter un président sortant dont le régime semble bien assis. 

Déjà, des fissures apparaissent dans les rangs de l'opposition : le bureau exécutif du RFD d'Ahmed Ould Daddah a décidé de renoncer à sa participation aux assises du Forum de la démocratie et l'unité qui devrait, selon les Islamistes modérés, "unifier les positions au sein de l'opposition en vue de trouver un consensus pour désigner un candidat unique à la prochaine présidentielle".