L’islam fait partie de la Premier League, désormais

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Le championnat anglais, l’un des plus prestigieux au monde, compte aujourd’hui 40 footballeurs musulmans. A sa création en 1992, il n’en comprenait qu’un seul : Nayim, à Tottenham. Ce changement n’est en rien anodin : de là découle toute une série de conséquences qui ont modifié la face de la Premier League.

Beaucoup de ces jeunes hommes viennent de régions éloignées d’Afrique et, malgré la célébrité et le succès qui leur ouvrent les portes d’une nouvelle vie, la plupart gardent un lien avec leurs origines, leur culture : la foi musulmane, qui restent leur repère quand tout le reste a changé.

Demba Ba le Sénégalais a donné le premier signe que l’islam avait sa place dans le monde du football anglais quand, le 5 février 2012, après avoir marqué un but pour Newcastle, il tombe à genoux et prie, accompagné de son compatriote Papiss Cissé.

- Advertisement -

Demba Ba, maintenant à Chelsea, ne plaisante pas avec la religion et le fait clairement savoir à ses entraîneurs ; les clubs, de plus en plus, doivent s’adapter à cet aspect de la vie de leur joueur, et composer avec les contraintes qu’il implique. Cela passe de la nourriture hallal aux douches séparées, en passant par la libération d’un temps de prière.

D’incidents en maladresses, les clubs ont appris : ainsi, les récompenses sous forme de bouteille de champagne, depuis que Yaya Touré a poliment décliné l’honneur pour motifs religieux, ont été remplacées par des trophées qui n’impliquent pas une violation des textes sacrés.

Le défi prend un tour plus ardu, cependant, quand on en vient à évoquer la question du Ramadan. Pour un sportif de haut niveau soumis à de fortes exigences physiques, se priver de nourriture du lever au coucher du soleil n’est pas une mince affaire. Les entraîneurs cherchent alors à tout prix le compromis, quitte à se fâcher un peu : certains joueurs acceptent ainsi de rompre le jeûne les jours de match, tout en continuant à l’observer le reste du temps.

D’autres, plus obstinés, refusent de négocier avec le Très Haut. Abou Diaby, de l’Arsenal, explique que « l’Arsenal préférerait que je ne jeûne pas, mais ils comprennent que c’est important pour moi, et ils font leur possible pour arranger les choses au mieux pour moi ». Demba Ba, lui, ne s’embarrasse pas de compréhension, ayant parfois haussé le ton avec des entraîneurs, sans jamais céder.

Un autre problème concerne les publicités des clubs pour les jeux de hasard : là encore, il y a comme un malaise pour un joueur musulman de servir à la promotion d’une chose que sa religion réprouve catégoriquement. Les avis sont là aussi partagés : quand certains s’en accommodent, d’autres exigent le changement.

C’est ainsi que, pierre par pierre, l’islam a fini par gagner sa juste place dans le football britannique – une place que nul ne saurait lui contester, au vu du talent de génie de bon nombre de ses joueurs.