New York (© 2016 Afriquinfos)- Le pouvoir burundais a-t-il ouvert une nouvelle polémique autour du génocide rwandais? Les réponses de l’ONU à une sortie récente d’un officiel burundais ne sont pas près de calmer la tension diplomatique entre les deux parties.
Le président de l’Assemblée nationale au Burundi avait accusé la communauté internationale d’avoir orchestré le génocide au Rwanda. Une déclaration qui selon l’ONU “pourrait être interprétée comme la négation du génocide et a le potentiel d’enflammer les tensions ethniques”.
A l’origine de cette nouvelle controverse, le président de l’Assemblée nationale burundaise, Pascal Nyabenda, a déclaré sur le site web du parti au pouvoir (le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie -CNDD–FDD, dont il a d’ailleurs été le président) que la communauté internationale aurait orchestré des “montages génocidaires contre le Gouvernement dit Hutu de Kigali”.
La déclaration publiée sur le site web du CNDD–FDD le 16 août dernier estime que ce prétendu complot aurait été fabriqué pour éliminer le gouvernement Hutu qui était au pouvoir au Rwanda à lépoque.
Des insinuations auxquelles les Nations unies ont fermement réagi par la voix d’Adama Dieng, conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU sur la prévention du génocide. Il s’est dit préoccupé par les “déclarations incendiaires” de Pascal Nyabenda. Il craint, au-delà, que ce genre de propos qui “pourraient être interprétés comme la négation du génocide”, n’attisent “les tensions ethniques, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du Burundi”.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien président du parti au pouvoir se montre catégorique sur la question du génocide rwandais. Dans une interview, M. Nyabenda ne s’était pas gêné d’aborder le sujet. A la question de savoir si le génocide était un scénario plausible au Burundi, il répondait sans pincettes: «Ce mot vient du Rwanda. C’est la chanson des Rwandais». Plus loin, alors qu’on lui demandait «qui aurait intérêt à faire croire à un génocide au Burundi, il martelait: «Je vous l’ai dit: le Rwanda. C’est eux qui vendent ce terme».
Les relations entre le Burundi et le Rwanda se sont davantage détériorées ces derniers mois à l’occasion de la crise politico-sociale que vit le Burundi, suite à la réélection en juillet 2015 de Pierre Nkurunziza. Le Burundi avait notamment accusé son voisin rwandais d’entraîner des rebelles sur son territoire. Des accusations vivement démenties par la diplomatie rwandaise.
Bella EDITH
