Il y a 40 ans, s’ouvrait la longue ère de gouvernance du discret Paul Biya

Afriquinfos Editeur 172 Vues
4 Min de Lecture
President of Cameroon Paul Biya and Chinese President Xi Jinping (not pictured) attend a signing ceremony at the Great Hall of the People in Beijing on March 22, 2018. / AFP PHOTO / POOL / Lintao Zhang

Yaoundé  (© 2022 Afriquinfos)- Le 6 novembre 2022  marque les 40 ans de la montée au pouvoir de l’actuel président camerounais Paul Biya. Une montée au pouvoir qui a fait suite à la démission d’Ahmadou Ahidjo, premier président de l’histoire du Cameroun le 4 novembre 1982.

« Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions de président de la République. ». C’était un jeudi 4 novembre 1982, lorsque la voix du  premier président de l’histoire du Cameroun, Ahmadou Ahidjo retentit sur la Radio Cameroun.

Selon les mots de l’ancien chef d’Etat,  la démission annoncée devrait prendre effet le surlendemain,  le 6 novembre à 10 heures. Il invitait les citoyens à apporter leur soutien au successeur constitutionnel, Paul Biya.

Après 22 années passées à la tête du Cameroun,  le départ d’Ahmadou Ahidjo a conduit son Premier ministre de l’époque, Paul Biya, à devenir le nouveau chef de l’État deux jours après sa démission.

Le nordiste transmettait alors le pouvoir à Paul Biya, originaire du Sud. Le Premier ministre devient alors, à 49 ans, le nouveau chef de l’État. Une idée à laquelle il avait pu se préparer depuis 1979, année où un amendement de la loi fondamentale stipulait que le Premier ministre était le successeur constitutionnel.

S’il n’était plus président, Ahmadou Ahidjo restait le chef du parti unique, l’Union nationale camerounaise (UNC). Progressivement, les dissensions entre lui et Biya s’accumulent dès lors. En 1983, Ahmadou Ahidjo quitta le Cameroun pour la France et démissionna de la présidence du parti.

Le 6 avril 1984, à Yaoundé, une tentative de coup d’État contre Paul Biya était déjouée. Les partisans d’Ahmadou Ahidjo furent alors accusés et lui-même fut condamné à mort par contumace.

L’ancien président ne reverra jamais sa terre natale. Il mourut à Dakar, au Sénégal, le 30 novembre 1989, à l’âge de 65 ans. Sa veuve, Germaine Ahidjo, s’est éteinte 32 ans plus tard, le 20 avril 2021, à l’âge de 89 ans. L’ancien couple présidentiel repose toujours au Sénégal.

Paul Biya, l’un des chefs d’État à la longévité la plus importante

Né le 13 février 1933 à Mvomeka’a, dans le sud du pays, Paul Biya a failli devenir prêtre. Il est passé par le séminaire avant de poursuivre ses études au lycée général Leclerc de Yaoundé, puis en France, grâce à une bourse. À Paris, il passe successivement par le lycée Louis-le-Grand, l’université de la Sorbonne et l’Institut d’études politiques, où il obtient une licence en droit public en 1961.

L’année suivante, il fait son entrée en politique en tant que chargé de mission à la présidence de la République dans le gouvernement du président Ahmadou Ahidjo. En 1968, il est nommé secrétaire général à la Présidence. Mais c’est à partir de 1975, qu’il accède à de plus hautes responsabilités.

Le 30 juin 1975 Paul Biya est nommé Premier ministre d’Ahmadou Ahidjo, premier président de la République du Cameroun, à l’âge de 42 ans. Le 14 janvier 1984, seul candidat, il est élu pour la première fois président de la République du Cameroun.

Deux ans seulement après son arrivée au pouvoir, Paul Biya fut immédiatement confronté à une série de tourments et de crises politiques. Il échappe à une tentative de coup d’État, le 6 avril 1984, menée par des officiers de la garde présidentielle. Le président accuse son prédécesseur d’être le cerveau de ce putsch avorté. Depuis, le « sphinx d’Étoudi » s’est recroquevillé sur lui-même, mais parvient toujours à diriger son pays.

V.A.