Abidjan (© 2022 Afriquinfos)-Le président de l’Africa sport d’Abidjan a décidé de suspendre M. Touré Macadi, membre de l’encadrement technique de la section football du club, suite à l’affaire du harcèlement et de chantage présumés sur des joueuses mineures.
’affaire a été ébruitée le 28 février dernier par le journaliste franco-britanique Romain Molina. Des joueuses mineures de la section football de l’équipe féminine seraient victimes de harcèlement sexuel venant de certains membres de l’encadrement technique.
Des joueuses de l’équipe féminine de de l’Africa sport d’Abidjan -parmi lesquelles des mineures-auraient été victimes de harcèlement et de chantage de la part de cet entraîneur.
Dans un communiqué, le président du club indique que « les déclarations et les messages électroniques obtenu dans le cadre de l’enquête administrative discrètement menée auprès des athlètes, inclinent aujourd’hui à une forte probabilité de l’effectivité des faits allégués ».
Qualifié de « stagiaire », le coach, au contact de l’équipe féminine depuis quelques mois, est accusé d’avoir envoyé des dizaines de messages à plusieurs joueuses en réclamant des actes sexuels en échange de certaines faveurs sportives comme du temps de jeu ou des maillots.
Le club a rendu public sa décision samedi, mais la sanction remonterait, selon le communiqué officiel, au 16 février dernier, soit deux semaines avant la publication de l’enquête de Romain Molina, le journaliste qui a révélé l’affaire. Ce dernier affirme pourtant que l’entraineur était encore en place jusqu’à récemment.
« Le coach Touré Macadi n’a pas été écarté le 16 février dernier, assure le journaliste à RFI. J’en tiens pour preuve l’entretien que j’ai eu avec le président de la section féminine de l’Africa Sports. Il me dit que c’est des mensonges, qu’il s’est excusé devant le groupe, qu’il y a eu une réunion, qu’aucune joueuse n’a rien dit, me disant « j’ai besoin de preuves » – je tiens à préciser que j’ai les audios de cela -, « c’est un mensonge, on va attaquer ceux qui mentent, il a dragué une joueuse, la joueuse l’a reconnu, mais la drague c’est pas interdit par la loi. » [Le coach] était aux entraînements ce que les joueuses m’ont confirmé. Donc cette date du 16 février est un mensonge. »
24 heures après la publication de l’enquête, le 28 février dernier, la présidente du comité de normalisation de la Fédération ivoirienne de football, Mariam Dao Gabalan, avait annoncé l’ouverture d’une enquête.
« Il me disait que cela m’aiderait aussi pour ma carrière »
A l’issue d’une saison 2020/2021 de haute volée, l’équipe féminine de l’Africa Sports remportait le tout premier titre de champion de son histoire. Une consécration pour la formation abidjanaise dont la performance était saluée. Sauf que derrière ce sacre, se cache un quotidien moins reluisant au sein de l’équipe, dont plusieurs joueuses affirment être victimes des agissements d’un des entraîneurs. Après avoir longtemps gardé le silence et repoussé les avances du concerné, elles ont décidé de sortir du silence et tout dévoiler au journaliste Romain Molina.
Connu pour ses investigations qui ont permis de révéler au grand jour plusieurs réseaux pédocriminels dans le monde du sport comme à Haïti (football), au Gabon (football, tennis, taekwondo) ou encore au Mali (basket), le journaliste Romain Molina a recueilli les témoignages des joueuses de l’Africa Sport. Et leur récit est saisissant. Captures d’écran des échanges à l’appui, elles ont livré chacune leur témoignage dans un article qui fait couler beaucoup d’encre en Côte d’Ivoire. « Il s’en est pris à moi, il voulait absolument coucher avec moi. Je l’ai repoussé, je lui ai dit non, il continuait… Il me disait que cela m’aiderait aussi pour ma carrière », a confié une des joueuses, qui met en cause celui que tout le monde appelle « coach Touré ».
Dans les échanges qu’a pu consulter Sport News Africa, le langage utilisé est cru et sans équivoque. Des joueuses, parfois mineures, sont sollicitées par « coach Touré » afin d’obtenir d’elles des faveurs sexuelles. Le ton est parfois menaçant, afin de les faire céder. Le tout sur fond de harcèlement moral également. Le but ? Obtenir d’elles des actes sexuels en échange de faveurs sportives comme davantage de temps de jeu, ou des équipements. « C’est insupportable car il est pressant et nous fait du chantage », témoigne une autre joueuse. Elles le menacent pourtant de tout enregistrer, mais ce dernier ne cède pas et continue ses avances sur un ton toujours plus insistant.
V.A.