Guinée : longueur d’avance du parti au pouvoir dans la "précampagne" pour les législatives

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

La commune de Kaloum suscite en fait la convoitise des acteurs politiques guinéens à cause du rôle stratégique qu'elle joue et de "l'influence" qu'elle a souvent exercée sur les précédents gouvernements. Certains observateurs pensent que c'est le fait d'abriter la présidence de la République et les principaux départements de l'administration, dont la douane et le port, qui donnerait surtout cet avantage à Kaloum sur les 4 autres communes de Conakry.

 La manifestation de ce samedi est considérée par ces mêmes observateurs comme un moyen pour le président guinéen de "tester sa popularité" dans ce bled. Vu que l'opposition avait, lors de sa dernière conférence de presse tenue récemment, projeté d'organiser un meeting dans la commune de Kaloum, allant jusqu'avancer la date du 27 décembre, avant d'y renoncer. Il faut préciser que cette partie de la capitale a toujours été traditionnellement "un bastion" du parti au pouvoir.

Et l'opposition voulait certainement vaincre cette fois le signe indien, en préconisant de tenir un meeting à Kaloum. Elle comptait sur l'apport de l'Alliance des forces d'avenir de Guinée (AFAG), regroupant une dizaine de partis politiques et associations, dont le siège se trouve à Kaloum. Car l'AFAG s'est ralliée à l'ADP et au Collectif, les deux blocs de l'opposition radicale qui ont inscrit leur "combat" sous le sceau de "l'alternance". En tout cas, la mouvance présidentielle a réussi sa mobilisation ce samedi, vu les nombreux militants qui ont répondu présents à cette fête, arborant des tee-shirts à l'effigie du parti au pouvoir. Un événement qui s'inscrit dans le cadre de la "précampagne" qui a débuté au niveau des états-majors des partis politiques, dans la perspective des élections législatives prévues pour le 12 mai 2013.

- Advertisement -

Dans cette quête de militants potentiels, la mouvance présidentielle multiplie les manifestations à travers les 4 régions naturelles de la Guinée. Ainsi les dernières semaines qui ont précédé la commémoration du deuxième anniversaire de l'investiture du président Alpha Condé, les cadres du RPG arc-en-ciel ont usé d'une stratégie dont eux seuls ont le secret pour occuper quasiment la plupart des préfectures, qui ont résonné aux couleurs de festivités sur fond de "campagne en faveur de la victoire aux législatives, en vue de conférer la majorité des sièges au parti au pouvoir". Ces manifestations étaient présidées pour la plupart par la Première dame de la République, Madame Djènè Condé. Il y a aussi le Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, qui s'y est fortement impliqué.

L'opposition aussi tente de suivre le tempo, mais avec moins d'engouement pour le moment. C'est du moins le constat qui se dégage sur le terrain. La tournée effectuée par le chef de file de l'opposition en Moyenne Guinée en décembre dernier s'inscrivait en quelque sorte dans cette voie. Une visite que Cellou Dalein Diallo avait rendu aux populations de cette région, juste après le passage du ministre de la Pêche Moussa "Tata vieux" Condé. Celui-ci avait durant sa tournée invité les populations des localités visitées à apporter leur soutien au programme du professeur Alpha Condé. Cellou Dalein Diallo qui avait eu la majorité des voix dans la zone lors de la dernière présidentielle, avait donc jugé sans doute nécessaire de repartir dans son fief, pour remonter le moral de ses troupes, analyse un éditorialiste, travaillant pour le compte d'un journal local, qui s'est confié à Xinhua.

La mission que l'ADP et le Collectif ont dépêchée il y a une dizaine de jours à Gueckedou, une ville qui a enregistré des incidents violents à relent communautariste, avait été perçue comme une "récupération politique" par certains critiques. Chose que l'opposition a réfuté, arguant que cette mission était placée sous le signe purement humanitaire et avait pour but d'apporter un soutien moral et matériel aux victimes. Malgré les tiraillements autour des préparatifs des élections législatives, les états-majors des partis politiques s'activent pour mobiliser des électeurs potentiels. Dans cette précampagne de longue haleine, la mouvance présidentielle semble garder une longueur d'avance.