Gambie : une mission de la CEDEAO dépêchée à Banjul

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Banjul (© 2016 Afriquinfos)-Composée de 4 chefs d’Etat venus du Liberia, du Nigeria, du Ghana et de Sierra Leone, une mission de la Cédéao est arrivée ce mardi à Banjul.

La délégation conduite par Ellen Jonhson Sirleaf, présidente en exercice de la CEDEAO, est composée de plusieurs chefs d’Etat dont le Ghanéen John Dramani Mahama, le Nigerian Muhammadu Buhari et le Sierra Léonais Ernest Bai Koroma.  Elle a pour objectif de tenter de convaincre Yahya Jammeh de remettre le pouvoir à Adama Barro, le vainqueur de la présidentielle du 1er Décembre, mais la tâche risque d’être dure à accomplir.

C’est une journée cruciale, voire décisive pour la Gambie. Une journée où tout peut basculer. « On peut s’attendre à tout », a d’ailleurs déclaré le président de la Commission de la Cédéao, Marcel de Souza. L’organisation affiche un unique objectif : pousser Yahya Jammeh à quitter définitivement le pouvoir.

Mais personne n’est en mesure de dire si l’imprévisible ex-président, critiqué de toutes parts, acculé par les instances africaines et internationales, va plier. Pour la délégation des quatre chefs d’Etat arrivée en début d’après-midi, la première étape de cette visite est de rencontrer Yahya Jammeh à huis clos à la présidence. Il y a dix jours, après l’annonce des résultats et la victoire d’Adama Barrow, l’ex-président avait refusé un entretien avec Mohamed Ibn Chambas, le représentant des Nations unies dans la sous-région.

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Cette fois-ci, il ne pouvait pas refuser d’accueillir quatre chefs d’Etat. Mais l’ex-président, fermé à toutes discussions durant 22 ans, est-il prêt à négocier avec la Cédéao ? Quelle porte de sortie l’instance ouest-africaine peut-elle lui proposer, elle qui avait salué sa déclaration lorsqu’il a reconnu sa défaite ? La marge de manœuvre est réduite.

Le cas du Ghana servira d’exemple à Jammeh ?

Autre élément qui pourrait être utile, ou au contraire énerver Yahya Jammeh : la présidente en exercice de la Cédéao, la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf, a demandé à son homologue du Ghana de venir à Banjul. Une situation intéressante, car vendredi, au moment où Yahya Jammeh faisait volte-face, John Dramani Mahama reconnaissait au contraire sa défaite et acceptait la transition politique. Yahya Jammeh est-il capable d’entendre un tel argument ? Dans tous les cas, la Cédéao a déjà menacé d’utiliser la force s’il refusait de lâcher le pouvoir.

Mais visiblement, Yahya Jammeh n’a pas dit son dernier mot. La Commission électorale a été bouclée par l’armée au moment où les chefs d’Etat arrivaient à Banjul. « Ils ont agi sur ordres », a indiqué à nos confrères de Reuters le président de la Commission qui ajoute « être inquiet pour sa sécurité ». Ce bouclage est « une décision extrêmement grave », estime une source diplomatique de la sous-région. Autre élément inquiétant qui pourrait changer le cours des négociations, Ousmane Badjie le chef d’état-major des armées, qui a exprimé toute sa loyauté envers le président élu la semaine passée a indiqué à la presse ce matin : « Jammeh me paie, c’est à lui que je réponds ». Officiellement, Yaya Jammeh a 60 jours à partir de l’annonce des résultats pour assurer la transition avec le président élu Adama Barrow et donc quitter le pouvoir.

En Gambie, Yahya Jammeh est tout de même de plus en plus isolé. Après les professeurs d’université, les avocats viennent d’annoncer que sa volte-face était une trahison.

Vignikpo Akpéné