Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé mardi que l’opération militaire en cours au Tigré (Nord) entrera prochainement dans sa phase « finale », dans un contexte de pression internationale croissante pour voir s’achever ce conflit qui inquiète en Afrique de l’Est et au-delà.
Le 4 novembre, M. Abiy a envoyé l’armée fédérale à l’assaut de cette région dissidente d’Ethiopie, après des mois de tensions avec les autorités régionales du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF).
Depuis près de deux semaines, le gouvernement mène des frappes aériennes, la dernière ayant touché lundi la capitale régionale Mekele, et les combats ont poussé plus de 25.000 habitants à fuir vers le Soudan voisin.
Vendredi, M. Abiy assurait que les forces du TPLF étaient « à l’agonie« , et avait appelé leurs soldats à « se soulever » et « faire défection » au profit de l’armée fédérale dans les deux ou trois jours suivants.
« Cette échéance de trois jours (donnée) aux forces régionales et aux milices du Tigré pour se rendre à l’armée fédérale, au lieu de rester des jouets aux mains de la junte cupide (le TPLF), a expiré« , a écrit mardi M. Abiy sur son compte Facebook.
Il a salué ceux qui parmi ces troupes ont « utilisé » ce délai, sans donner de précisions.
« Puisque l’échéance est passée, les opérations finales de maintien de l’ordre seront menées dans les prochains jours. »
Le blackout imposé sur la région et les restrictions aux déplacements des journalistes rendent difficile l’évaluation de la situation sur le terrain.
L’armée fédérale affirme contrôler l’Ouest du Tigré – où les combats se sont concentrés et ont fait plusieurs centaines de morts selon Addis Abeba – ainsi que la localité d’Alamata, au Sud-Est de la région.
Mais le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, a déclaré mardi à l’AFP que « le gouvernement et le peuple du Tigré » tiendraient bon, signifiant ainsi que les combats allaient continuer.
« Cette campagne (militaire) ne peut pas être terminée. Tant que l’armée des envahisseurs est sur notre terre, le combat va continuer. Ils ne peuvent pas nous faire taire par la force« , a-t-il dit.
Propagation du conflit
M. Debretsion a également affirmé qu’une frappe aérienne avait visé lundi Mekele, la capitale régionale, « tuant et blessant des civils« .
Mardi, Addis Abeba a démenti dans un communiqué cette information, affirmant que ce raid avait visé des « cibles cruciales du TPLF« , à « l’extérieur » de Mekele.
Un habitant a déclaré à l’AFP qu’un avion militaire, « très effrayant, très bruyant » avait volé lundi à basse altitude au-dessus de la ville et qu’une frappe aérienne avait tué au moins un civil près du campus universitaire.
Ni les détails de ce raid ni le bilan humain n’ont pu être vérifiés dans l’immédiat.
Quelques jours après des tirs de roquettes du TPLF sur la capitale de l’Erythrée voisine, qu’elles accusent de prêter main-forte à l’armée fédérale, l’inquiétude grandit sur les possibles conséquences du conflit à l’échelle régionale.
Prix Nobel de la paix en 2019, Abiy Ahmed résiste aux appels de la communauté internationale à cesser les combats et à accepter diverses tentatives de médiation.
Les présidents ougandais Yoweri Museveni et kényan Uhuru Kenyatta ont ainsi appelé lundi à la paix et au dialogue en recevant le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen, venu défendre l’action du gouvernement.
Pour Addis Abeba, aucune médiation n’aura lieu avant que les leaders tigréens ne soient désarmés et présentés devant la justice.
Le comité Nobel s’est dit lundi soir « profondément préoccupé » par la situation.
Les tensions entre M. Abiy et le TPLF, qui contrôla durant presque 30 ans l’appareil politique et sécuritaire éthiopien, ont culminé avec l’organisation au Tigré en septembre d’un scrutin électoral qualifié « d’illégitime » par le gouvernement.
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