En 2021, la démocratie a globalement reculé en Afrique subsaharienne (EIU Democracy Index 2021)

Afriquinfos Editeur
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Londres (© 2022 Afriquinfos)- L’Afrique subsaharienne a été mauvaise élève en matière de démocratie en 2021. C’est ce qui ressort de l’édition 2021 du rapport sur la démocratie, publié ce jeudi 10 février par l’Economist Intelligence Unit (EIU).

« Le score régional moyen global a légèrement baissé en 2021, à 4,12, alors qu’il était déjà bas à 4,16 en 2020, poursuivant ainsi une longue récession démocratique », indique le rapport. Au total, 16 des 44 pays de la région ont enregistré une baisse de leur score, 14 pays ont stagné tandis que 14 autres ont enregistré des améliorations de leur score.

On constate en effet que le principe d’alternance démocratique crée des blocages dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et qu’il est par ailleurs loin d’apporter en tous lieux la garantie du développement d’une culture démocratique.

L’Afrique est souvent présentée comme un bastion de régimes autoritaires et dictatoriaux. Pourtant, depuis au moins trente ans, sous l’effet des bouleversements mondiaux, les pays africains se sont massivement dotés de culture électorale et les élections ont largement remplacé les coups d’État comme moyens de changement de régime. Mais la persistance de pouvoirs autoritaires ou semi-autoritaires ainsi les derniers coups d’Etat montrent que ces évolutions restent fragiles.

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Il y a plus de  60 ans, dix-sept pays africains accédaient à l’indépendance, faisant de l’année 1960 la première étape vers une émancipation totale du continent, qui a été colonisé, esclavagisé, mis en coupe réglée par les grandes puissances européennes pendant de nombreux siècles.

Si l’émancipation du continent africain a été en grande partie le résultat des négociations politiques entre colonisateurs et colonisés, elle était aussi l’aboutissement des prises de conscience et des combats majeurs menés par les Africains au nom de la souveraineté, la liberté et le développement. Ces objectifs furent inscrits dans les Constitutions des nouveaux États indépendants, tout comme l’a été le choix de la démocratie qui paraissait aux yeux des pères fondateurs comme le régime le plus approprié pour réaliser ces objectifs.

C’était sans compter avec les dynamiques de l’histoire, de la géopolitique et des idéologies dominantes, qui ont sérieusement compromis le processus de la démocratisation des pays africains au cours des décennies qui ont suivi les premières indépendances, suscitant parfois des doutes sur l’adéquation du modèle démocratique occidental à la manière de faire du politique sur le continent.

Au moment des indépendances, la démocratie en Afrique était une idée neuve, même si le personnel politique alors aux manettes, en Afrique francophone comme en Afrique anglophone, était familier des pratiques occidentales de la démocratie élective multipartite. Le Sénégalais Senghor, tout comme l’Ivoirien Houphouët-Boigny ou encore le Guinéen Sékou Touré, avaient été, on s’en souvient, députés au Parlement français. C’est fort de cette expérience formatrice que les pères fondateurs des pays africains qui accédèrent à l’indépendance dans les années 1950-1960, commençant par la Tunisie en 1956 et le Ghana en 1957, adoptèrent comme cadre de leur vie politique le modèle démocratique occidental, avec ses élections ouvertes à tous les habitants ainsi qu’à la concurrence des partis.

V.A.