La diversité culturelle peut et doit booster les Cultures d’Afrique !

Afriquinfos Editeur
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Un public formé de personnes provenant de différents horizons professionnels et intellectuels a suivi avec grand intérêt une conférence-débat originale meublée par une présentation de l’orateur du jour suivie d’un riche débat.

Les enjeux de la mondialisation impliquent le plus clair du temps une uniformisation dans la consommation des biens matériels. Trop souvent, ces enjeux prennent forme dans la réalité avec une quasi imposition par le Nord au Sud de sa lecture du monde, de ses spécificités culturelles. « Pour bâtir la diversité culturelle, il faut mettre en exergue les identités culturelles. Une identité bâtit l’ensemble des valeurs d’un individu et fait sa particularité », fait noter Kodjo Noussouglo. Dans une mondialisation qui se révèle uniformisante, les identités sont devenues un refuge pour un certain nombre de Terriens ; ce repli identitaire prend généralement soit une forme individuelle, soit une forme communautaire. A titre d’exemple chiffré, les Usa dominent à 85% la production cinématographique mondiale.

Ensemble pour une même cause

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 Comment alors éviter la radicalisation des identités (politiques, culturelles, économiques, sociologiques, etc.) ? M. Noussouglo a sa réponse sur cette interrogation : « Cette radicalisation peut être évitée par les enjeux de la diversité fondée sur l’humanisme ; il faut à ce titre une redistribution équitable de la justice sociale, un usage égalitaire des langues partagées par divers locuteurs de par le monde ». « C’est une façon de faire ensemble ce qu’on ne peut pas faire seul », expliquera et résumera dans le même sens le Professeur Bienvenu Koudjo, spécialiste de Programmes au Bureau régional de la Francophonie, Afrique de l’ouest.

C’est justement pour hâter ce rôle de la diversité que plusieurs organisations internationales comme la Francophonie ont mis sur pied la Convention sur la diversité culturelle en 2005. Avant le cercle francophone, l’Unesco avait déjà, en 2001, souligné l’importance de la diversité culturelle dans le monde contemporain, en la plaçant au même rang que la nécessité de la préservation de la biodiversité sur la planète. Il en va de même pour la Convention sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles d’octobre 2005 de l’Unesco. Ce texte entré en vigueur en 2007 encadre et surtout facilite la mobilité des artistes de la planète et la promotion culturelle.

« Pour ce faire, les diversités culturelles de la planète doivent s’interpénétrer par le jeu des faits et gestes des Etats contemporains », renforce C. Noussouglo. Un argument massue qui devra inciter les pays d’Afrique sub-saharienne à enfin établir un lien important entre leurs économies et le monde culturel, avec in fine la création de la richesse. Sur le sujet, les Etats du Nord sont largement en avance sur le Sud. Les industries culturelles représentent à titre d’exemple 7% du Pib des pays développés, et s’évaluent à 1.300 milliards de dollars aux Usa, la première puissance économique et militaire de la planète. « Les véritables conditions propices à l’épanouissement du développement culturel ne sont pas encore réunies dans les Etats africains à l’heure actuelle (…) Les industries culturelles viables sont avant tout fondées sur la notion de compétitivité. Nous pouvons et devons créer des produits culturels vendables, exportables à partir de nos immenses richesses culturelles », fait remarquer Cyriaque Noussouglo sur la question. « Ce mal réside essentiellement dans le fait que les financiers en Afrique ne connaissent pas encore les richesses cachées dans la Culture et qui peuvent valablement être porteuses de croissance », indique le Professeur Bienvenu Koudjo.

Diplômé en Gestion du patrimoine culturel, Kodjo Noussouglo est l'actuel président de la Ctdc (Coalition togolaise de défense de la diversité culturelle affiliée à la Fédération internationale sur la même thématique). La Ctdc a été portée sur les fonts baptismaux le 25 mai 2004. Cette association a pour première vocation de favoriser et de veiller à la liberté de création, en encourageant la promotion des industries culturelles dans le processus de développement des Etats sous-développés.

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