Abidjan (© 2019 Afriquinfos)-Mercredi, le gouvernement ivoirien a rendu public les membres de la CEI centrale. Selon son porte-parole, Sidi Tiémoko Touré, sur les 15 membres, trois sont issus du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, parti au pouvoir) et trois autres de l’opposition.
«Cette Commission est la résultante des négociations avec l’opposition et de toutes les parties prenantes », a soutenu M. Touré soulignant qu’il s’agit d’une Commission « consensuelle ». La CEI centrale comprend 15 membres, contre 7 pour le Bureau et 07 pour chacune des Commissions locales. Le Pdci qui veut reconquérir le pouvoir s’est rapproché d’autres partis de l’opposition, mettant en place une plate-forme non idéologue dénommé la Coalition pour la démocratie, la réconciliation (Cdrp), qui comprend le Front populaire ivoirien (Fpi), le parti de Laurent Gbagbo.
Mais réagissant à cette annonce du gouvernement, Théophile Koby Assa, un cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, ex-allié au pouvoir), a dans une déclaration indiqué que si la Commission électorale indépendante (CEI) devant organiser la présidentielle ivoirienne de 2020 « n’est pas consensuelle, ça ne marchera pas ».
«Si la CEI n’est pas consensuelle, ça ne marchera pas», a estimé M. Koby Assa, membre du Comité des Sages du Pdci en marge d’une conférence qu’il a animée sur le thème « Le Pdci et les racines de la Côte d’Ivoire », organisée à l’occasion « Des mercredis du Pdci».
Interrogé sur la nomination des 15 membres de la CEI centrale, notamment rejetée par la plateforme de l’opposition conduite par le Pdci, le professeur Koby Assa, a laissé entendre si «moi, je suis candidat et je suis membre de la CEI, c’est moi qui nomme les gens, dans ces conditions ça ne peut marcher». Il a souligné que l’étude « Côte d’Ivoire 2040 » faite par le secteur privé en 2000 relève que la Côte d’Ivoire est «dans un cycle de crise de légitimité et tant qu’on ne sortira pas de crise de légitimité nous n’aurons pas la paix».
De ce fait, ajoutera-t-il, qu’«il faut des lois qui ne soient pas conçues en fonction des individus ». Et en outre, «il ne faut pas faire des Constitutions opportunes, c’est-à-dire des lois fondamentales faites pour régler le sort de quelqu’un ou pour se mettre devant et nous sommes en plein dans ça». «Il faut que nous soyons vraiment rigoureux et que nous fassions des lois pour les Ivoiriens, la Côte d’Ivoire et non des lois pour l’individu. (Car les textes de lois), c’est ce qui est au cœur de nos crises», a-t-il poursuivi.
La plate-forme de l’opposition rejette l’ossature de la nouvelle CEI, souhaitant une reprise du dialogue politique en vue de mettre en place un organe « consensuel » à la suite de consultations inclusives. Elle estime que cette CEI chargée d’organiser les élections est inféodée de représentants du pouvoir.
L’ex-parti unique ne manque d’astuces pour remobiliser ses partisans et convaincre des efforts du parti qui ont impulsé la Côte d’Ivoire dans son développement. Pour l’ex-secrétaire national chargé des études et prospectives, Koby Assa « militer au Pdci est un choix politique des plus raisonnables, comparativement à ceux qui ont deux cordons ombilicaux en plus d’un cœur d’un côté et la raison de l’autre».
«Se targuer d’avoir fait mieux en huit ans que les premiers et authentiques héritiers du Pdci est une information qui heurte la conscience de ceux qui connaissent et ont vécu l’histoire économique politique et sociale vraie de la Côte indépendante», a-t-il martelé. Le président du Pdci, Henri Konan Bédié, a regagné mardi soir Abidjan, après un long séjour à Paris. Ce retour augure un regain des activités de l’ex-parti unique dans les semaines à venir dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2020.