L'élément déclencheur de cette nouvelle flambée de violences a été le meurtre d'un jeune conducteur de taxi-moto musulman, dans la nuit de vendredi à samedi dernier à Bangui. Selon des habitants, deux hommes non identifiés auraient égorgé le conducteur pour une raison inconnue puis ont ramené le corps du jeune homme au PK-5.
En représailles à ce meurtre, des musulmans ont ouvert le feu dans un quartier majoritairement chrétien de la ville, où des maisons et des voitures ont été incendiées. Des échanges de tirs s’en sont suivis provoquant plusieurs blessés et des morts.
Mesures sécuritaires
Face à cette instabilité dans la capitale, le gouvernement a pris des mesures drastiques. Dimanche, le Premier ministre centrafricain, Mahamat Kamoun, a interdit tout rassemblement près des barricades qui pourraient être érigées. Pour remplir pleinement sa mission, le chef du gouvernement a demandé le renforcement des patrouilles des forces de défense et de sécurité centrafricaines, et a également sollicité l’aide de la mission française Sangaris, ainsi que celle de la Minusca.
Samedi, l’ONU a donc fait le choix de se positionner autour de la zone de tension pour éviter que la situation ne se propage à d’autres quartiers. Mais, sa présence a suscité un grabuge dans le pays. Partout dans le centre-ville, la population a érigé des barricades pour protester contre la lenteur de l’intervention des casques bleus samedi, et contre la présence française dans le pays. Pour canaliser toutes ces tensions, le gouvernement a instauré un couvre-feu à Bangui de 18h à 6h du matin, au lendemain du drame.
Mahamat Kamoun a également lancé un appel aux travailleurs du secteur public et privé pour qu'ils reprennent leur travail dès ce lundi. Il a été rejoint par l’imam de la mosquée Ali-Babolo, Loisir Iyaya, qui a appelé la population au calme. «Nous demandons aux jeunes de rester calmes et de ne pas commettre des exactions. A la population de Bangui et celle de la République centrafricaine en général, nous leur demandons de tenir compte de la cohésion sociale et de faire des réunions entre nous et nos frères chrétiens. Nous demandons à tous de rester calmes et de ne pas se venger», a encore lancé ce chef religieux.
De son côté, le gouvernement de transition a fermement condamné ces «violences inutiles qui interviennent à un moment où la Centrafrique en général, et la ville de Bangui en particulier, aspirent à la paix et à la sécurité». Une sécurité désormais menacée pour la plupart des habitants. Déjà, Plusieurs milliers de personnes ont fui leurs habitations pour se réfugier dans les camps de déplacés, des camps qui commençaient pourtant à se vider ces derniers mois. Depuis le renversement en mars 2013 du Président François Bozizé par la rébellion Séléka, la Centrafrique, déjà très instable depuis son indépendance en 1960, est plongée dans une crise sans précédent. Depuis, les tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes en 2013 et 2014, se multiplient dans le pays. Ces derniers mois, le niveau des violences a considérablement baissé. Mais des groupes armés sévissent toujours dans certaines parties du territoire et des armes de guerre circulent dans le pays, entretenant un climat d’insécurité de plus en plus grandissant dans le pays.
Larissa AGBENOU