Centrafrique : 3 civils tués lundi lors du désarmement de rebelles et miliciens par les soldats français

Afriquinfos Editeur
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« Les Français ont tiré sur deux jeunes qui tentaient de piller des magasins de commerçants musulmans. Cette intervention a fait en gros trois morts », a affirmé dans un entretien télé phonique lundi soir à Xinhua le colonel Michel Narkoyo, ex-porte- parole militaire des ex-rebelles de la Séléka (au pouvoir à Bangui) aujourd'hui patron de la gendarmerie nationale centrafricaine.

 Ex-colonie française en proie au chaos depuis la prise du pouvoir le 24 mars à Bangui de Michel Djotodia, la République centrafricaine (RCA) est l'objet du déploiement d'environ 1.600 soldats français, soit 1.200 renforts supplémentaires aux quelque 400 présents dans le pays depuis de longue date, à la faveur d'une résolution d'inspiration française adoptée jeudi à New York par le Conseil de sécurité de l'Onu.

 Cette intervention à laquelle un mandat a été donné de désarmer y compris de force les groupes armés dont les ex-rebelles de la Séléka eux-mêmes et les milices actifs dans ce pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale, consiste officiellement à prêter main forte à la Mission internationale de soutien à la Centrafricaine (MISCA) chargée de permettre la pacification et la sécurisation du territoire.

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 Le désarmement lancé lundi dans la capitale Bangui a été é maillé d'échanges de tirs entre ces militaires français et des groupes armés au quartier Combattant, où des pillages et des règlements de compte ont eu lieu de la part des populations à l' endroit de commerçants d'obédience musulmane et d'hommes armés désarmés, a rapporté le colonel Narkoyo.

 « Ce n'est pas facile. C'était chaud ce matin à Bangui. Quand les Français sont allés désarmer les éléments de la Séléka au quartier Combattant, la population a voulu récupérer les biens de ces derniers et même les lyncher », a-t-il indiqué. Les images diffusées par les télévisions françaises montrent en revanche des soldats français impuissants face à des scènes de pillages de commerces organisés par des jeunes des quartiers de Bangui.

 Finalement, l'opération a permis de désarmer près de 80 ex- rebelles et miliciens, à en croire les estimations de l'ancien porte-parole militaire de l'ex-coalition rebelle qui a renversé François Bozizé le 24 mars à Bangui. « D'ici trois à quatre jours, il y a aura vraiment un calme dans le pays. On a désarmé ceux qui refusent de retourner dans les casernes », a-t-il précisé parlant d'ex-combattants Séléka.

Pour l'heure, aucun chiffre concernant le nombre de ces ex- rebelles à désarmer n'est communiqué. « Je ne connais pas le nombre exact. Sinon, il y en a qui se trouvent dans les quartiers. Dans les casernes, ils sont nombreux, la majorité. Je dirais même 95% », a par ailleurs avancé l'ancien gendarme de deuxième classe qui a acquis ses galons de colonel dans la rébellion. A l'en croire encore, «les Français tiennent les check- points, nous on fait les patrouilles. Demain (mardi), on va travailler ensemble ».