Ce que va changer le vaccin Mosquirix dans la lutte contre le paludisme en Afrique

Afriquinfos Editeur
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Genève (© 2021 Afriquinfos) – Les enfants d’une grande partie de l’Afrique vont être vaccinés contre le paludisme, un moment historique dans la lutte contre cette maladie mortelle. Encore appelé malaria, le paludisme tue 400 000 personnes chaque année, essentiellement des enfants de moins de 5 ans. Disposer d’un vaccin, après plus d’un siècle d’efforts, est l’une des plus grandes réussites de la médecine.

La malaria ou « paludisme » représente un défi sanitaire et humain en Afrique, avec une forte prévalence dans le Sahel, mais aussi dans d’autres régions humides du monde. Transmise par piqûre de moustique, elle est provoquée par l’envahissement des globules rouges par un parasite de type Plasmodium. Cela peut donner lieu à des états sévères, allant jusqu’à entraîner la mort. «  C’est la première endémie parasitaire mondiale », rappelle l’Institut Pasteur, une endémie étant une maladie ancrée dans un territoire donné.

Mais ce  6 octobre 2021, l’Organisation Mondiale de la santé a décidé de recommander l’administration du vaccin antipaludique « Mosquirix » aux enfants du continent. Dès 2015, l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait délivré un « avis scientifique positif » sur le vaccin RTS,S/AS01, sur lequel les laboratoires GlaxoSmithKline (GSK) travaillaient depuis plusieurs décennies, après qu’une étude clinique avait été réalisée dans sept pays africains et que les résultats avaient été publiés dans The Lancet. Mais à l’époque, l’OMS avait jugé les éléments en sa possession insuffisants, demandant aux promoteurs du sérum des données complémentaires sur la façon optimale d’utiliser le vaccin.

Une phase de vaccination « pilote » a donc été menée, à partir de 2017, au Kenya, au Ghana et au Malawi, tandis qu’une autre série de tests était menée au Burkina Faso et au Mali, en collaboration avec la London School of Hygiène and Tropical Médecine. Et les résultats observés ont été publiés en août dernier dans la revue The New England Journal of Medecine, motivant la décision de l’OMS.

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Au Mali, les recherches étaient centralisées au Malaria Research and Training Center (MRCT), de renommée mondiale, dont les équipes installées à Bougouni et à Ouelessebougou, dans la région de Sikasso, étaient dirigées par Alassane Dicko, assisté de Issaka Sagara. Le professeur, lauréat en 2017 de l’Africa Prize pour ses recherches sur le paludisme, a répondu aux questions de Jeune Afrique sur cette découverte qui devrait sauver des milliers de vie chaque année sur le continent.

Un «  moment historique »

Le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, décrit cela comme un «  moment historique ». Un vaccin antipaludique pour les enfants, qui soit efficace ainsi que sans effets secondaires notables, est « attendu depuis longtemps » et constitue une avancée scientifique majeure pour la santé des enfants. «  L’utilisation de ce vaccin en plus des outils existants pour prévenir le paludisme pourrait sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année. »

L’essai clinique se base sur le tout premier vaccin à avoir été établi contre cette maladie : RTS,S/AS01E, distribué sous le nom de marque Mosquirix.

Le nouvel essai clinique aux résultats publiés ce mois d’août 2021 a été mené auprès de 6 000 enfants, âgés de 5 à 17 mois, résidants au Burkina Faso et au Mali. L’étude court sur trois ans, puisque la saisonnalité de la maladie a un impact pour l’évaluation de l’efficacité de cette stratégie.

Le dernier rapport sur le paludisme dans le monde de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié en 2020, comptait 229 millions de cas de paludisme et environ 409 000 décès dus au paludisme sur l’année 2019.

V.A.