Café : Le Cameroun vise 150.000 tonnes de production moyenne annuelle dès 2020

Afriquinfos Editeur
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Par Raphaël MVOGO

Pour ce pays d'Afrique centrale où l'agriculture occupe entre 60 et 70% de la population active, il est évident que le potentiel de développement des filières de production reste énorme.

La validation d'un Plan national d'investissement agricole ( PNIA) par le gouvernement mercredi à Yaoundé, avec le concours des partenaires au développement, offre en ce sens des perspectives prometteuses.

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Comme pour le cacao, le Cameroun est partie prenante du récent accord international en 2007 qui préconise de "promouvoir le développement de la consommation et des marchés pour tous les pays et pour toutes les formes de café, y compris dans les pays producteurs".

C'est dans le plan de relance de la filière, annoncé par le ministère du Commerce et le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), qu'est contenu l'objectif de production annuelle de 150.000 tonnes dès 2020, porté par un programme d'urgence, où le CICC s'est accordé à consacrer 10% de son budget annuel de 150 millions de francs CFA pour soutenir la mise en place de 3.600 hectares de caféiers à compter de cette année.

Par ce cap, le Cameroun se lance dans la production d'un "café marchand", selon le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, pour qui la cible visée concerne les marchés de niche représentés par les cafés lavés spéciaux ou cafés lavés ("fully washed") où les résultats obtenus en termes de plus value sur le marché, à travers une expérience pilote menée depuis quatre ans, sont déclarés "incitatifs".

En plus de l'exportation qui a longtemps été la clé de voûte de la politique nationale relative à la commercialisation des produits de base, l'accent est désormais mis aussi sur la consommation locale, ce qui signifie d'augmenter pour la situer à un niveau plus intéressant,la transformation locale estimée à l'heure actuelle à un peu plus de 5% du volume total des fèves produites.

Pour les objectifs annoncés, la recherche est mise à contribution. Ainsi, les équipes de chercheurs de l'Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD, organisme gouvernemental sous tutelle du ministère de la Recherche scientifique et de l'Innovation) planchent en ce moment sur un projet de mise au point de variétés de caféiers adaptés aux changements climatiques.

"Depuis deux ans, nous avons un programme sur lequel nous travaillons sur les problèmes de sécheresse. Nous avons des génotypes qui nous sont venus d'Amérique latine. On a trouvé des génotypes qui sont bien adaptés et nous voulons les tester en milieu paysan pour voir ce que nous pouvons en tirer", a confié à Xinhua Joseph Mouen Bedimo, directeur général adjoint de l'IRAD.

En marge de ces travaux, 217 génotypes sont expérimentation pour venir combler les limites révélées par la variété Java, l'unique mise sur pied sur l'arabica depuis les années 1980-1990, qui laisse aujourd'hui découvrir "une sorte de régression de caractères en termes de résistances aux maladies et à la sécheresse", à en croire Dr. Mouen Bedimo.

Selon lui, "nous sommes en train de mettre sur pied un certain nombre de variétés pour lesquelles nous avons beaucoup d'espoirs, parce que nous allons combiner les facteurs génétiques de certains caféiers pour lutter contre la sécheresse et pour lutter contre les maladies. C'est un travail qui est en chantier parce qu'au bout du compte nous voulons avoir un minimum de cinq variétés que nous pouvons mettre à la disposition des paysans".

     Pour le robusta, la recherche est axée sur des clones et 7 prototypes sont actuellement développés dans des champs semenciers.

     "C'est ces sept clones qui sont distribués au niveau des planteurs. Le robusta est un peu compliqué parce que c'est un plan strictement allogame, c'est-à-dire qu'il faut des fleurs mâles et des fleurs femelles pour faire des combinaisons", informe le directeur adjoint de l'IRAD.