Burundi: Refugees International dresse un tableau sombre du quotidien des déplacés politiques

Afriquinfos Editeur
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Dans son rapport, Refugees international  s'inquiète des mesures coercitives prises à l'encontre des civils. «Depuis le début de la crise, le gouvernement burundais a mis en place de nouveaux contrôles de sécurité le long de la frontière», explique Michael Boyce, qui s'est rendu au Burundi pour Refugees International.Selon l’envoyé spécial, ces mesures prises par les agents du gouvernement burundais constituent une répression qui vise tout particulièrement les opposants politiques.

«D'après les témoignages des déplacés et des réfugiés que nous avons recueillis sur le terrain, ce sont des agents du gouvernement qui font pression sur les civils et leur demandent de ne pas quitter le territoire. Parfois, ces agents arrêtent des personnes qu'ils pensent être des opposants au gouvernement», a t-il confié sur RFI.

Refugees International dénonce également le rôle de la milice non-gouvernementale Imbonerakure dans ce qu’elle appelle «une torture psychologique des civils». «Ses membres circulent le long de la frontière, ils s'attaquent et malmènent ceux qui essaient de fuir le pays. Actuellement, le Burundi traverse une crise politique. Une crise dans laquelle si vous n'êtes pas à 100% derrière le gouvernement, vous êtes perçu comme étant contre le gouvernement, et donc comme une menace potentielle», s’est indigné Michael Boyce.

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L’agent de Refugees International s'est  également rendu dans la province de Makamba, dans le sud du pays, à la frontière avec la Tanzanie pour mesurer l’ampleur de la situation. Pour lui, la situation actuelle de cette région démontre que la crise que traverse le Burundi s’étend jusqu’aux autres provinces du pays. «C'était très troublant de traverser cette province de Makamba, de rencontrer des gens qui se cachaient, qui ne pouvaient pas dormir chez eux le soir, qui devaient se cacher dans la forêt le long de la frontière tanzanienne pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, parce qu'ils étaient poursuivis et ne pouvaient pas revenir en ville pour voir leur famille», raconte-t-il.

Michael Boyce assure également que «beaucoup de réfugiés et déplacés» ont été pris pour cible «à cause de leur opinion politique», plus précisément de leur appartenance à un autre parti que celui au pouvoir, le CNDD-FDD.«Je pense vraiment que le conflit burundais se ressent dans tout le pays, et qu'il y a à l'échelle locale, des conséquences pour les familles».Cependant, pour les autorités, ces déboires se justifient. «L'argument avancé par les autorités est que ces contrôles empêchent ceux qui fuient le pays de rejoindre une rébellion anti-gouvernementale dans un pays voisin», dénonce Michael Boyce qui fait remarquer que ces mesures ont un impact lourd sur les civils qui tentent de fuir les persécutions.

Depuis le début de la crise burundaise, l'ONG estime que plusieurs dizaines de milliers de civils sont des «déplacés» à l'intérieur de leur propre pays.

 Larissa AGBENOU