Déjà tôt dans la journéedu mardi, les dirigeants des deux principaux partis burundais au pouvoir (CNDD-FDD et UPRONA)ont déclaré sur les ondes de la Radio Télévision Nationale du Burundi que leurs formations politiques respectives ne vont pas participer à la nouvelle séquence du dialogue inter-burundais, aussi longtemps que ces travaux auront lieu en période de campagne électorale pour les élections des conseillers communaux et des députés du 29 juin prochain.
«Nous comprenons la préoccupation de la communauté internationale pour le Burundi; mais notre formation politique ne va pas participer au dialogue pendant la période impartie à la propagande électorale», a déclaré Pascal Nyabenda, président du CNDD-FDD.
De son côté, Gaston Sindimwo secrétaire général de l'UPRONA, a indiqué qu’il est hors de question de participer à un dialogue incluant un débat sur une remise en cause éventuelle du calendrier électoral. «Cette affaire qui relève scrupuleusement de la souveraineté nationale, ne doit plus faire objet de négociations aujourd'hui parce qu'elle est déjà close», a- t-il martelé.
Des arguments qui ne tiennent pas selon Agathon Rwasa, le principal opposant burundais à la tête de la coalition d'opposition des indépendants. Ce dernier estime qu'il ne peut pas prendre le risque de participer à une compétition électorale au Burundi avant que ne soit résolu la problématique de désarmement des milices.
Pour Léon Ngendakumana, président de l'Alliance des Démocrates pour le Changement (ADC), une coalition d'opposition politique, cette situation vient replonger le Burundi dans une impasse politique pour la troisième fois.
«La première fois, ils ont désigné le président Pierre Nkurunziza pour briguer un autre mandat présidentiel en violation de l'accord de paix d'Arusha, la deuxième fois ils ont fermé les yeux sur les méfaits des mouvements de la jeunesse et cette fois-ci pour la troisième fois, ils viennent de défier la région et la communauté nationale, particulièrement les Nations Unies et l'Union Européenne qui ont joué un rôle-clé pour accoucher le texte de l'accord de paix d'Arusha », rappelle l'opposant burundais.
Le 13 juin dernier à Johannesburg, le sommet de l'UA avait recommandé dans un délai d'une semaine, la reprise d'un dialogue entre toutes les parties burundaises, pendant laquelle les dates pour la tenue des diverses élections, devaient être déterminées par consensus entre les partenaires politiques burundais et sur base d'une évaluation technique conduite par les Nations Unies.
Mais Les discussions entre le pouvoir et l’opposition pour résoudre la crise sont à couteaux tirés. Depuis le 26 avril dernier, les partis politiques d'opposition continuent à plaider pour le retrait de la candidature du président Nkurunziza comme piste de solution. Un sujet que le parti au pouvoir considère comme non négociable; la Cour constitutionnelle ayant validé sa candidature dans un arrêt rendu le 5 mai dernier.
Larissa AGBENOU