Dans un recueillement total, les Burundais ont assisté à l’enterrement du président de l’UPD. Rassemblés devant le domicile du défunt, le cortège funéraire s’est ébranlé à travers les rues de Bujumbura pour chuter à la mosquée du quartier dix. Entonnant « Lâ ilaâha illâ Allâh », l’émotion était à son comble. « Nous sommes fatigués. Nous sommes dans un état de tristesse, de désolation totale ! La police est corrompue, sans pitié. Ils ont l’argent, ils ont les armes, ils nous tirent dessus et nous sommes seuls », s’est indigné un jeune. Pour autant, les opposants au troisième mandat ne faiblissent. Ils se disent très déterminés à obtenir le départ de Pierre Nkurunziza et ont annoncés des manifestations aujourd’hui dans les rues de la capitale.
Vagues de condamnations
D’abord, c’est la Coordination anti-3ème mandat qui a annoncé sa suspension au dialogue entre les différentes parties impliquées dans la crise et le gouvernement sous l’égide des Nations unies (Menub).
Puis, c’est une pluie de condamnations qui s’abat sur les autorités burundaises. La Belgique par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères a vivement réagi. «C’est une condamnation sans appel parce que la violence ne peut pas être utilisée dans un débat politique, et la violence qui conduit à l’assassinat de Zedi Feruzi et d’ailleurs aussi à l’un de ses proches n’est pas du tout acceptable. On est dans une situation de tension forte au Burundi mais quel que soit le pays, quelle que soit la situation, il n’est pas acceptable que l’on procède par violence et qu’on en arrive à un assassinat. (…) La première, c’est vraiment la condamnation mais j’espère, au-delà de la condamnation, qu’ l’on va pouvoir mener une enquête rapide et transparente. Vu la situation sur place, je pense que cette enquête ne saurait se dérouler correctement que si elle peut être, au moins, supervisée soit par l’Union africaine, soit par les Nations unies, soit par les deux », a déclaré Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères.
Du côté de l’Union européenne, même son de cloche. «Evidemment, nous condamnons avec vigueur et force cet attentat, celui d’hier contre ce membre de l’opposition mais aussi celui, perpétré la veille, au marché central de Bujumbura. De manière générale, cette prolifération de violence ne peut que mener le pays qu’à plus de violence. Et donc, nous demandons aux autorités burundaises de traduire en justice les acteurs de ces crimes ; prendre les mesures nécessaires parce que si la violence politique continue de se propager, on n’a pas de voie de sortie», a déclaré Alexandre Polack, porte-parole de la Commission de l’Union européenne.
Et d’ajouter: « On essaye d’appeler à la retenue, d’exhorter un peu tous les acteurs à s’engager, vraiment de bonne foi, dans le dialogue politique. C’est pour cela que l’on soutient les efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé spécial Saïd Djinnit ainsi que l’Union africaine et outs les acteurs régionaux parce qu’on ne peut pas laisser ce pays être pris en otage par ceux qui veulent aller précipitamment vers les élections sans que les conditions nécessaires pour qu’elles soient pacifiques, crédibles et inclusives soient réunies ». Les Nations unies ne sont pas du reste. Ban Ki-Moon a vivement condamné l’assassinat de l’opposant Zedi Feruzi et exhorté la classe politique burundaise à « faire preuve de responsabilité… et placer la paix et la réconciliation nationale au dessus des intérêts partisans ».
De son côté, le gouvernement burundais se dit consterné par l’assassinat de l’opposant.
Anani GALLEY