Burundi: face à la fermeté du régime, la délégation onusienne à Bujumbura risque d’y faire du tourisme

Afriquinfos Editeur
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Une quinzaine  d’ambassadeurs du Conseil de sécurité des Nations Unies sont en déplacement à Bujumbura, ceci dans le cadre d’une rencontre avec le président Pierre Nkurunziza dans le but de convaincre celui-ci à accepter la proposition de l’Union africaine (UA) de déployer une force de 5.000 hommes, afin d’endiguer des violences qui ont déjà fait plus de 400 morts et contraint à l’exil plus de 200.000 personnes.

Mais le gouvernement burundais n’a pas caché qu’il n’accueillerait pas ses visiteurs à bras ouverts. Puisqu’il y a peu, l’exécutif burundais qualifiait le déploiement des troupes de «force d’invasion et d’occupation». Le Conseil «a la possibilité de mettre tout son poids derrière ce que l’UA a déjà proposé», a toutefois expliqué Samantha Power, l’ambassadrice américaine, membre de la délégation.

En prélude à la rencontre avec M. Nkurunziza, ces ambassadeurs vont également rencontrer ce jeudi 21 janvier,  des dirigeants de l’opposition et de la société civile afin de plaider pour un dialogue politique faisant cesser la violence et de préserver les accords d’Arusha qui ont mis fin à la guerre civile. Pour l’instant, le camp présidentiel s’y refuse, privilégiant le dialogue interne lancé mardi et non reconnu par l’opposition.

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 Pour quelles raisons l’ONU agit-elle ?

Le Conseil de sécurité avait adopté à l’unanimité en novembre dernier une résolution condamnant la violence au Burundi et appelant l’ONU à renforcer sa présence dans le pays. Toutefois, plusieurs pays, notamment la Russie, la Chine, l’Égypte, l’Angola et le Venezuela, aspirent à exercer de plus fortes pressions, rendant l’action onusienne plus difficile.

«C’est aux Burundais eux-mêmes » d’organiser un dialogue et le Conseil ne poussera pas le gouvernement à partager le pouvoir, a ainsi affirmé le représentant permanent adjoint russe Peter Iliichev. «Nous avons raison d’être inquiets», a quant à elle déclaré l’ambassadrice américaine Samantha Power à la veille de ce voyage. «Chaque jour, on entend parler d’attaques à la grenade ou de cadavres trouvés dans la rue au petit matin et l’histoire montre qu’une étincelle peut mettre le feu et que les choses peuvent alors empirer très très vite», a-t-elle ajouté. Des diplomates à l’ONU craignent en outre que, si la crise échappe à tout contrôle, le Rwanda, marqué par le génocide de 1994, ne soit tenté d’intervenir, au risque de déclencher un conflit régional !!

Pour l’ambassadeur français François Delattre qui avait conduit une première délégation du Conseil au Burundi en mars 2015, il faut avant tout «éviter que le génie des violences ethniques ne sorte de sa bouteille». Ce déplacement des ambassadeurs du Conseil de sécurité des Nations Unies au Burundi est la deuxième effectuée en une année.  Il  a été conjointement organisé par les Etats-Unis, la France et l’Angola, et a été préparé pendant des semaines.

Innocente Nice