Burundi : La dégradation accélérée de l’environnement constitue un grand défi à relever pour le bénéfice des générations présentes et futures

Afriquinfos Editeur
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M. Rurema, qui s'exprimait à l'ouverture d'un « atelier de haut niveau » sur les enjeux de la dégradation des sols au Burundi à l'intention des membres du gouvernement, des parlementaires et des membres du corps diplomatiques, a précisé que cette dégradation se traduit par la détérioration du cadre de vie et la baisse des capacités de production, particulièrement dans le secteur agricole.

Le Burundi est l'un des pays les plus densément peuplés d' Afrique, a souligné M. Rurema. De la sorte, a-t-il fait remarquer, « les terres arables sont surexploitées, épuisées, dégradées et ne produisent plus assez alors que la population à nourrir ne cesse d' augmenter ».

Pire, a poursuivi M. Rurema, de par la petite superficie burundaise, les systèmes de restauration des sols via la mise en jachère des terres agricoles, ne sont donc plus possibles aujourd' hui au regard de la taille des exploitations agricoles dont la moyenne est de 0,5 hectares.

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La perte de la fertilité des sols burundais est principalement due à l'érosion, a renchéri M. Rurema en ajoutant que les pertes en terres consécutives à ce phénomène, sont  annuellement estimées à 4 tonnes par hectare à l'Est du pays contre 18 tonnes pour la même superficie et une durée équivalente dans les régions du centre.

Ces pertes, a-t-il insisté, sont particulièrement fortes dans la région naturelle de Mumirwa où elles sont estimées à 100 tonnes par hectare dans un intervalle d'une année.

Le gouvernement a déjà commencé à s'attaquer frontalement à cette problématique en mettant en place un programme national de subvention des engrais au Burundi avec comme ultime objectif une augmentation sensible de la qualité d'engrais chimiques utilisés par ménage, a révélé M. Rurema.

Par ailleurs, a-t-il noté, un fonds commun pour les fertilisants et amendements pour une enveloppe de 13 milliards de francs burundais a été mis en place par le gouvernement en partenariat  avec les Pays-Bas, l'Agence Allemande pour la Coopération Internationale « GIZ », la Coopération Technique Belge (CTB) et la Banque Mondiale (BM).

Selon M. Salvator Ruzima, consultant ayant mené une étude sur la problématique de dégradation des sols au Burundi, les estimations des coûts de l'inaction contre la dégradation des sols dans le secteur forestier par an, s'élèvent à peu près à 3363 millions de dollars américains. Ce montant, a fait remarquer l' expert Ruzima, représente près de 8 fois l'Aide Publique au Développement (APD) que le Burundi a reçue en 2008.

Dans le secteur agricole, le consultant Ruzima a révélé que les estimations partielles des coûts de la dégradation des sols, fait état d'un montant de 21 millions USD par an pour les céréales, 73 millions USD pour les légumineuses et 400 millions USD pour tous les groupes vivrières pour une durée équivalente.

Le consultant Ruzima a averti que si des actions conséquentes ne sont pas entreprises pour reconstituer le couvert végétal, et si des pratiques quotidiennes d'utilisation du sol ne sont pas révisées afin de viser en priorité sa protection, la dégradation du sol va continuer à aggraver la paupérisation des populations burundaises.

Analysant la dégradation des terres au Burundi sous l'angle de la déforestation, le rapport national 2012 du Programme des Nations Unies pour le Développemen t(PNUD) sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD), en est arrivé à la conclusion suivante : « Au Burundi, la surface couverte par les forêts est passée de 11,3% à 6,7% de la superficie totale du pays entre 1990 et 2010, soit une vitesse de déforestation moyenne de 64 kilomètres carrés par an. Si ce rythme de déperdition est maintenu, le Burundi n'aura plus de forêts dans 29 ans ».