Burkina Faso : En route pour la vérité sur l’assassinat de Thomas Sankara !

Afriquinfos Editeur
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C’était un moment très attendu par les familles des victimes et la société civile burkinabé, même si cette journée n’a pas répondu à la question cruciale que se posaient la plupart. A savoir, le corps exhumé était-il celui du camarade Thomas Sankara?Il faut attendre encore les résultats des tests ADN pour le certifier.

Néanmoins, selon Me Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille Sankara, ces deux rapports permettent déjà de renseigner les familles sur les circonstances de la mort de Thomas Sankara et de ses douze compagnons.Pour lui, on peut déjà conclure que ces assassinats perpétrés le 15 octobre 1987 sont d’origine criminelle. «Les balistiques ont prouvé qu’il s’agissait principalement d’armes à feu. On a trouvé des projectiles qui ont prouvé que c’était effectivement des balles qui ont été tirées et qui ont fait des orifices sur les restes qui ont été expertisés», soutient-il.  

Sur le supposé corps du panafricaniste, les expertises ont permis de trouver plusieurs impacts de balles à plusieurs niveaux du corps : la poitrine, des jambes et même les bras. «On peut dire qu’il a été purement et simplement criblé de balles. Chez les autres, on a retrouvé un ou deux impacts de balles, mais en ce qui concerne Thomas Sankara, il y en avait près d’une dizaine à plusieurs niveaux et même en bas des aisselles. Ce qui montre qu’il avait levé les bras. Si, c’est bien lui », a précisé Me Ambroise Farama. Selon l’avocat, sous réserve des tests ADN, plusieurs éléments portent à croire que les restes retrouvés dans les tombes sont ceux des personnes assassinées le 15 octobre 1987.

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Quand l’Histoire parle et fait des révélations…

Dans certaines tombes, les parents des victimes qui étaient présents ont pu reconnaître les vêtements que les parents assassinés portaient le jour de l’assassinat. Selon Me Ambroise Farama, en ce qui concerne Thomas Sankara, «la famille reconnaît que ce jour-là, il était habillé en survêtement rouge. Et le vêtement retrouvé dans cette tombe est effectivement de couleur rouge». Par ailleurs, plusieurs types d’armes ont été identifiés grâce à l’expertise balistique. Ce sont par exemple les G3, les Kalachnikov. «Il y a même des pistolets automatiques, peut-être même des grenades utilisées. En tous cas, il y a des armes de types relevant de l’armée. Mais, c’est «l’expertise ADN qui viendra confirmer toutes ces découvertes de façon définitive», adoucit Me Sankara.

«Pour le reste, il faudra attendre. Les résultats des tests ADN n’étant pas encore disponibles, on ne sait toujours pas si ce sont bien les corps que l’on croit. Le juge nous a dit que ces résultats arriveraient dans les prochains jours», se veut confiant l’avocat.

 En attendant, l’enquête progresse et huit militaires appartenant à l’ancien Régiment de sécurité présidentielle sont d’ores et déjà inculpés. Parmi eux, quatre sont actuellement incarcérés selon le juge. Le docteur Diébré Alidou, l’auteur du fameux certificat médical concluant à une «mort naturelle» de Sankara, fait également partie de la liste. Quant à Hyacinthe Kafando, qui, selon plusieurs témoins, commandait les hommes qui ont tiré sur Sankara, il est en fuite et fait l’objet d’un mandat d’arrêt.

De son côté, le général Diendéré soupçonné d’avoir organisé cette exécution en tant qu’adjoint de Blaise Compaoré à l’époque et qui croupit en prison depuis quelques jours pour avoir perpétré le coup d’Etat manqué du 17 septembre dernier, n’est pour l’heure pas inculpé. Les avocats des familles ont jusqu’à 15 jours pour demander une contre-expertise.

 Larissa AGBENOU