Le jour de la Fête de Sacrifice au Sud de la Tunisie

Afriquinfos Editeur
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A travers la célébration de cette fête religieuse, les Tunisiens et les Musulmans commémorent la soumission du prophète Ibrahim à son Dieu, en acceptant d'égorger son fils. Ce dernier fut remplacé au dernier moment par un mouton, selon la religion musulmane.

"Cet exemple d'obéissance se considère aux yeux de la communauté musulmane comme étant un exemple à suivre par tous croyant dans le monde. La Fête du Sacrifice demeure également une occasion opportune à la paix, à la solidarité familiale et entre tous les citoyens de la Tunisie", a souligné à l'Agence de presse Xinhua, Brahim Ben Abderrahmane (54 ans).

Père de famille de 8 personnes à Tozeur (Sud-ouest tunisien), M. Brahim a précisé que "la Grande Fête a toujours ses spécificités en Tunisie puisqu'il s'agit de la deuxième fête religieuse de l'année après celle de la fin de Ramadan, d'autant plus que toute la famille étendue sera rassemblée chez moi, ce qui renforce notre solidarité".

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En Tunisie, les traditions liées à la Grande Fête varient d'une région à l'autre. Dans la plupart des régions du Nord, le mouton, une fois égorgé, reste intact 24 heures avant d'être découpé et consommé le lendemain.

"Contrairement au Nord du pays, la tradition de la Grande Fête au Sud tunisien fait que le mouton du sacrifice soit égorgé, découpé et consommé le jour même de la Fête", a ajouté M. Brahim à notre correspondant  qui se trouve dimanche à Tozeur partager ce rite religieux avec une famille tunisienne.

Au matin de la Grande Fête, la ville de Tozeur semble être abandonnée de leurs habitants. Un mystérieux calme qui règne, mais expliqué par les rituels de cette fête. "De bonne heure, le Musulman met ses nouveaux habits et se dirige calmement vers la mosquée pour accomplir une prière spécifique à cette Fête suivie d'un sermon qui recommande d'être bons, pieux, généreux", a expliqué Brahim insistant que le Musulman ne devra égorger son mouton qu'après l'achèvement de cette prière.

"Celui qui sacrifie avant la prière de la Fête, n'aura fait qu'abattre un animal juste pour la consommation, alors que celui qui le sacrifie après cette prière aura offert un sacrifice rituel ", a-t-il argumenté.

Dans le cadre d'une ambiance des plus festives, la famille du Sud tunisien se partage les tâches, une fois autorisée à égorger le mouton, tout en laissant les plus faciles et amusantes aux enfants qui préfèrent toujours fermer les yeux à l'instant de l'égorgement de l'animal.

"On ne supporte pas voir le mouton, qui nous est devenu familier tout au long de trois semaines, égorgé et entouré du sang ", a murmuré, larmes aux yeux, l'un des fils de M. Brahim.

Alors que les hommes découpent le corps du mouton en petits, moyens et gros morceaux pour la grillade, les femmes prennent en charge la préparation de certains plats spécifiques à ce jour de fête, dont le plus recommandé est les salades vertes. "La viande grillée sur du charbon se digère plus facilement accompagnée par des salades vertes raisonnablement acidifiées", a confirmé Mme Mounira, épouse de Brahim Abderrahmane.

Vers 15 heures (GMT+1), la vie reprend progressivement son rythme habituel à Tozeur avec quelques véhicules en circulation, mais surtout des jeunes qui s'affluent de plus en plus vers les cafés, espaces publiques et grandes surfaces pour recélébrer la Fête du Sacrifice entre amis.

Pour Sofiène Trilla (24 ans), étudiant à l'Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Tozeur, "la Grande Fête demeure l'une des occasions les plus attendues vu qu'elle me permet de renouer avec les anciens amis de l'enfance".

Cette année, a-t-il poursuivi, la fête est multiple: on célèbre la révolution du 14 janvier, la réussie des élections du 23 octobre ainsi que la Fête du Sacrifice qui "favorise chaque année l'entraide et la solidarité entre tous les Tunisiens et toutes les Tunisiennes sur tout le territoire tunisien".

Après environ 11 mois du déclenchement de la révolution tunisienne, la Grande Fête vient rassurer quant à la situation globale vers la fin d'une année 2011 marquée par plusieurs événements, qui mettaient parfois en doute la situation générale du pays.