Tunisie : célébration spéciale de la Grande Fête malgré la hausse des prix

Afriquinfos Editeur
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Il s'agit de sacrifier un mouton ou un bélier en l'égorgeant couchant sur le côté gauche, et ce, après avoir accompli une prière spécifiques à cette fête qui marque chaque année la fin du pèlerinage pour les Tunisiens comme pour tous les Musulmans.

En prévision de la Grande Fête, une dynamique remarquable est enregistrée dans les "Rahba", espaces réservés et aménagés spécialement dans toutes les régions tunisiennes pour vendre des moutons de sacrifice. Les éleveurs et commerçants de moutons, venus de différentes régions intérieures du pays, se rassemblent dans ces espaces pour exposer publiquement leurs troupeaux.

Ces derniers jours, les Tunisiens s'affluent de plus en plus vers ces espaces afin d'acheter un mouton de sacrifice, puisque " la Grande Fête porte cette année un habit particulier du fait qu'elle vient juste après un moment historique dans l'histoire de notre pays", a souligné un employé de la banque M. Adnène Aziz. " Avec la joie d'avoir exercé librement leur droit électorale pour la première fois, les Tunisiens n'hésiteront pas une seconde à bien préparer cette fête à la fois religieuse et conviviale".

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Pour d'autres, la peine de chercher pour des jours un moutons à un prix convenable demeure insupportable. "Vu mes engagements professionnels en tant que cadre sécuritaire, je laisse la tâche de faire le tour des Rahba à ma famille", a affirmé M. Mohamed Ben Youssef (30 ans) qu'on a rencontré au centre-ville de la capitale en train de communiquer avec sa famille en la matière.

"D'après les premières impressions de mes collègues, a-t-il ajouté, les prix des moutons cette année demeurent très exorbitants par rapports à l'année précédente, même toucher la barre des 400 dinars (287 dollars) par tête, ce qui me semble insupportable pour une famille tunisienne notamment dans cette situation économique incertaine".

Cette augmentation a été confirmée également par le gouvernement tunisien. "Les prix des moutons de sacrifice restent libres et soumis à la loi de l'offre et de la demande du marché", a ainsi précisé samedi à Tunis M. Hassouna Jemaoui, directeur des enquêtes économiques au ministère tunisien du Commerce et du Tourisme.

"La loi du marché pourrait  être là pour expliquer la hausse des prix des moutons à l'occasion de la Grande Fête", a estimé M. Ahmed Hamzaoui, père de famille qu'on a croisé à la sortie d'un point de vente à la banlieue de Tunis, mais cette année "bon nombre d'éleveurs tunisiens n'ont pas exposé leurs troupeaux de moutons comme d'habitude à cause de la situation sécuritaire incertaine".

"Ainsi et selon la loi du marché, si la demande dépasse de loin l'offre, les prix seront revus automatiquement à la hausse", a-t- il ajouté, soulignant que "c'est là où se manifeste fortement l'effet du volet sécuritaire sur la situation économique globale du pays".

Admettant que la quasi-majorité des moutons de sacrifice est assurée en Tunisie par les éleveurs des régions intérieures et frontalières, "la hausse des prix peut être traduite par la demande incessante sur le marché libyen qui a procuré d'une bonne partie de la production tunisienne de moutons", a conclu M. Hamzaoui.

Bien que la Grande Fête demeure une obligation à ne pas louper pour la plupart des Tunisiens, la religion islamique ne force pas les Musulmans à sacrifier un mouton au détriment de leurs capacités financier. Ceux qui ne peuvent pas acquérir un mouton, une quantité de viande sera suffisante.

C'est ce qui a été confirmé M. Brahim Châabani qui est en train de négocier le prix d'un mouton dans un "Rahba" en plein air. " Rien ne m'oblige à acheter dans des conditions pareilles: Une demande timide, des qualités pas à la hauteur de mes attentes, mais surtout des prix hyper élevés, très loin de la réalité, à même d'affecter davantage le pouvoir d'achat du Tunisien", a-t-il confirmé.

Vu l'absence de la sécurité et du contrôle, les éleveurs tout comme les intrus continuent à dominer outrageusement le marché en imposant leurs prix, a-t-il expliqué, tout en exprimant son mécontentement quant à la différence de 100 dinars (près de 72 dollars) par tête de mouton par rapport à l'année dernière, ce qui "demeure inacceptable pour un Tunisien salarié en moyenne de 450 dinars par mois".

Après une demi-heure de recherche, M. Châabani a remarqué que le prix par tête augmente au moins de 120 à 130 dinars (environ 86 à 94 dollars) cette année. "Un mouton qui pèse à peine 30 kilogramme s'expose à 500 dinars (près de 360 dollars)". Pour lui, ce marché de l'anarchie et du désordre est entaché par une relative perte de l'autorité de l'Etat.

Malgré la flambée des prix et le désordre du marché, le Tunisien semble être attaché à célébrer la Grande Fête, qui porte cette année plus de significations et apporte chez lui une certaine quiétude et confiance, clairement observées dans les visages de tous ceux que nous avons rencontrés dans les différentes unités de ventes de moutons.