Les citoyens harcelés par la flambée des prix

Afriquinfos Editeur
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Solitaires ou en compagnie, bon nombre de citoyens tunisiens, n'a pas manqué d'exprimer multiples craintes quant à la situation délicate vécue actuellement. Une situation teintée par une disproportionnalité accrue entre le pouvoir d'achat et les cours des prix à la consommation.

Après avoir payé, il y a quelques semaines (août 2011) la lourde facture de consommation du mois de Ramadan, les Tunisiens se retrouvent depuis lors forcés à faire encore une fois des économies sur leurs factures en dépenses quotidiennes, dont l'eau, l'électricité (…) ainsi que les besoins ménagères.

Ajoutant à cette liste les fournitures scolaires à l'occasion de la nouvelle saison 2011-2012, déclenchée le 5 septembre, le citoyen tunisien a certes intérêt à bien gérer son porte-monnaie, qui plus est, dans le cadre de la situation sécuritaire globale du pays, la pression de la vie économique et sociale mais surtout la flambée des prix de certains produits de base.

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Toutes catégories confondues, la flambée des prix des produits de consommation, observée récemment sur le marché tunisien, a affecté, à degrés différents, le budget du fonctionnaire, du stagiaire, de l'étudiant, tout comme la femme au foyer et le père de famille.

Fonctionnaire sous l'Etat, Brahim (54 ans) a fait remarquer que "les pères de familles doivent faire face, de nos jours, non seulement à une situation sociale et financière médiocre, mais également à la flambée des prix à un rythme rapide, continu voire même périodique".

Coïncidant avec la rentrée scolaire et universitaire, a-t-il poursuivi, et à la lumière de cette hausse inexpliquée notamment des prix des légumes et fruits, "la famille tunisienne trouve refuge dans l'endettement afin de satisfaire ses besoins en consommation de la vie quotidienne".

Pour sa part, Mme Mounira, femme au foyer, a parlé de la situation globale que vit la famille tunisienne. Selon elle, la famille tunisienne ordinaire vit ces jours avec un "harcèlement psychologique" et un stress quotidien soumis par les dépenses de consommation et la hausse du mode de vie en Tunisie.

"Partant du marché des légumes et fruits, arrivant aux librairies tout en passant par les garderies pour enfants, la flambée des prix est là pour décevoir le citoyen, voire même le déprimer", a murmuré Mme Mounira, concluant, dans un ton ironique, que "dix dinars tunisiens ne couvrent plus et ne couvrira plus jamais le quart d'une consommation quotidienne d'une famille tunisienne".

Toutefois, l'optimisme et l'espoir sont détectés dans les dires de certains citoyens tunisiens, qui se veulent conscients de la délicatesse et l'aspect exceptionnel de la période actuelle en Tunisie.

Un optimisme qui a motivé un chômeur tunisien d'affirmer que " cette flambée des prix, ainsi que la souffrance que vit le citoyen tunisien, ne peuvent être que provisoires au vu de la phase transitoire que traverse le pays".

La pression, notamment psychologique, que subissent les citoyens actuellement, demeure en étroite liaison avec la conjoncture politique déstabilisée qui règne le paysage général de la Tunisie. Juste après, c'est le retour à l'ordre, a-t-il expliqué.

De l'autre côté du miroir, et selon l'Institut national tunisien de la Statistique (INS), l'indice des prix à la consommation familiale (IPC) au titre du mois d'août 2011 a enregistré une augmentation de 0,5 % par rapport à un mois auparavant (juillet 2011). Ce qui confirme relativement les différentes réactions du citoyen tunisien.

Deux facteurs principaux peuvent en effet expliquer cette hausse de l'IPC, à savoir le mois de Ramadan, connu en Tunisie pour être le mois le plus excessif en termes de dépenses, ainsi que les événements survenus en Libye engendrant l'accroissement inattendu des flux de réfugiés dans les deux sens (entre la Tunisie et la Libye).

Tout au long des huit premiers mois de cette année, le bilan fait état d'une augmentation des prix des produits alimentaires et des boissons de 1,4% contre 0,9% au cours de la même période de l'année 2010, outre une hausse des prix des viandes (2,9%) et des huiles et graisses (1,4%), selon l'Institut national tunisien de la Statistique.

En se référant à M. Chedly El Béji, directeur des indices des prix et de la production à l'INS, l'agence avait annoncé que durant les 8 premiers mois de 2011, l'indice des prix à la consommation familiale a atteint 3,2 % contre 4,6% au cours de la même période de l'année précédente (8 premiers mois de 2010).

Le glissement annuel de l'indice des prix à la consommation entre août 2010 et août 2011 a atteint 3,6%, toujours selon la même source.