Libye : les rebelles renforcent leur emprise sur Tripoli, la vie quotidienne est dure pour les habitants

Afriquinfos Editeur
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Les rebelles ont déclaré samedi avoir pris complètement le contrôle de l'aéroport de Tripoli, mais il fait pourtant encore l'objet de tirs et de bombardements sporadiques. Et de façon générale, la situation dans la capitale reste instable, avec des tirs à l'arme lourde et des explosions qui retentissent toute la nuit.

De plus en plus de cadavres ont été retrouvés à Tripoli. On a identifié parmi les morts des hommes armés de Kadhafi et aussi des personnes qui semblaient avoir été victimes d'exécutions menées antérieurement.

La chaîne britannique Sky News a fait état samedi de la découverte d'environ 53 corps calcinés entassés dans un entrepôt de Tripoli. Il s'agirait d'opposants à Kadhafi, qui auraient été exécutés à l'approche d'une chute probable du régime.

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Les informations sur les meurtres de sang-froid commis par les deux camps au cours de ces derniers jours ont mis un bémol aux manifestations de joie dans la ville où beaucoup avaient célébré la chute de Kadhafi.

 Le Conseil national de transition (CNT) et les pays occidentaux qui ont épaulé les forces rebelles par cinq mois de frappes aériennes sont conscients de la nécessité d'empêcher la Libye de basculer dans le chaos, comme cela s'est produit en Irak après l'invasion américaine en 2003.

En outre, Kadhafi reste introuvable. Le ministère algérien des Affaires étrangères a démenti l'information de l'agence de presse égyptienne selon laquelle un convoi de six véhicules blindés en provenance de Libye, qui aurait pu transporter de hauts responsables libyens, et même Kadhafi, aurait passé la frontière et serait entré en Algérie vendredi.

Le chef du CNT, Mustafa Abdel Jalil, a déclaré que les commandants rebelles étaient en train de négocier avec les forces fidèles à Kadhafi pour essayer de les persuader de renoncer au contrôle de Syrte, bastion de Kadhafi, situé à 450 km à l'est de Tripoli.

La Libye est actuellement coupée en deux, car les forces pro-Kadhafi détiennent les territoires qui s'étendent au sud de Syrte jusque loin dans le désert.

A l'extrême ouest, suite au combat vendredi avec les forces loyalistes, les rebelles ont pris le contrôle de Ras Jdir, le principal poste frontalier avec la Tunisie et la ligne vitale d'approvisionnement en nourriture, en carburant et en médicaments pour Tripoli.

A Tripoli, la vie reste loin d'être normale pour ses deux millions d'habitants. L'électricité est coupée plusieurs heures par jour. Beaucoup de quartiers sont privés d'eau et les prix de la nourriture et de l'essence ont flambé.

Le porte-parole du CNT, Mahmoud Shammam, a indiqué samedi à Tripoli que les rebelles allaient commencer à distribuer sans tarder 30 000 tonnes de carburant et de gaz de cuisine aux habitants d'ici 48 heures.

 M. Shammam a également fait savoir que les rebelles s'efforçaient de remettre en état la raffinerie de Zaouïa. "Nous partons de zéro dans cette situation. Ne demandez pas de miracles, mais nous promettons d'essayer de faire en sorte que cette période difficile dure le moins longtemps possible".

Pour sa part, M. Jalil a souligné le besoin urgent de denrées alimentaires et d'autres produits de première nécessité à Tripoli, et il a appelé la communauté internationale à fournir de l'aide humanitaire, y compris des médicaments et des instruments chirurgicaux.

Le gouvernement britannique a annoncé samedi qu'il allait fournir à la Libye une aide humanitaire urgente d'un montant de 4,9 millions de dollars, comprenant notamment des médicaments, de la nourriture et des équipes médicales.

De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré dans un communiqué qu'un premier bateau avec 263 personnes à bord, pour la plupart des Egyptiens et Algériens évacués de Tripoli, était arrivé samedi à Benghazi, dans l'est de la Libye. Cette organisation a promis l'évacuation d'un plus grand nombre de personnes dans les prochains jours.