INTERVIEW: des experts britanniques plaident pour la stabilité en Libye dans l’ère post-Kadhafi

Afriquinfos Editeur
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Le brigadier Ben Barry, personnalité influente des forces terrestres à l'Institut international d'études stratégiques de Londres, a indiqué à l'agence Xinhua : '"Après tout, le Conseil national de transition (CNT) et ses supporters internationaux veulent maintenant éviter les nombreux échecs vécus par les forces de la coalition en Irak en 2003".

Ainsi, le CNT a-t-il non seulement développé un plan de transition pour une nouvelle Libye, mais il s'est aussi adressé aux partisans de M. Kadhafi à Tripoli, dans l'espoir de gagner leur soutien pour éviter un vide de sécurité et un bain de sang par des représailles. Il existe des projets similaires visant à maintenir les services essentiels, dont la fourniture de la nourriture et de l'eau, et à préserver les infrastructures économiques, a ajouté M. Barry.

"Bien entendu, ces plans pourraient être contestés par les forces du régime provenant de l'intérieur comme de l'extérieur des factions en Libye, y compris les différentes régions et tribus. Après l'assassinat de l'ancien chef militaire rebelle, Abdoul Fatah Younis, il y a certainement des querelles intestines au sein du CNT et le niveau réel des perturbations potentielles chez les combattants islamistes, dans les rangs rebelles, n'est pas clair", a-t-il relevé.

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Selon lui, tous les partisans du CNT approuvent que l'instauration rapide de la stabilité du pays — et l'engagement d'un processus politique pour établir une nouvelle Constitution et organiser les élections — seront du ressort des Libyens eux-mêmes".

M. Barry a estimé que les pays qui avaient bombardé le régime pourraient chercher à éviter une intervention militaire au sol. Mais les Libyens devraient compter sur le soutien des Nations unies, de la Banque mondiale et de l'Union européenne pour la reconstruction et le développement de leur pays.

De l'avis de M. Barry, l'actuel plan militaire international "paraît limité à ce que les Nations unies dépêchent des observateurs du cessez-le-feu et que l'Otan maintienne son pouvoir d'intervention en vertu de la résolution 1973 de l'Onu en cas de déterioration de la situation".

Il est convaincu que si le CNT réussit à maintenir la sécurité en comptant sur lui même, il ne demandera pas d'intervention militaire internationale.

De son côté, Barak Siner, de l'Institut royal des services unis, pense que les futurs gouverneurs de la Libye feront face aux problèmes immédiats avec un conflit d'idéologies au sein des forces anti-Kadhafi.

"Il y a une tension au sein du CNT entre les libéraux d'obédience occidentale et les Islamistes. Au demeurant, les rebelles opérant dans l'ouest de la Libye ont un penchant islamiste. Par ailleurs, le gouffre se creuse entre le CNT considéré comme étant une bande de bureaucrates et les rebelles qui revendiquent la gloire des vaillants combattants", a pronostiqué M. Barry.

A en croire cet expert, les rebelles venant de l'ouest de la Libye ont combattu éfficacement le régime de Kadhafi et les attaques de l'Otan ont affaibli les forces de ce dernier. En outre, selon des "indications", l'intervention militaire de certains pays musulmans a également aidé les rebelles libyens dans leurs opérations terrestres.

La progression rapide des rebelles vers Tripoli depuis plusieurs directions a été en partie facilitée par la destruction d'infrastructures du régime de Tripoli par les attaques de l'Otan, a-t-il expliqué.

En revanche, les rebelles actifs dans la moitié ouest de la Libye ont été plus efficaces que ceux dans l'est. Alors que les combattants partant de Benghazi avançaient avec difficultés pour passer par les positions fortifiées du régime autour de la ville pétrolière vitale de Brega, ceux de Misrata ont réussi à mettre en place le siège du gouvernement de leur ville avant de foncer vers l'ouest.

Parallèlement, les rebelles des montagnes de Nafoussa qui sont entrés à Tripoli par le sud et l'ouest ont joué un rôle décisif pour mettre en déroute les troupes de Kadhafi.

M. Siner a estimé que la défaite imminente de Kadhafi allait encourager l'opposition en Syrie.

"Sans aucun doute, l'opposition syrienne se sentira enhardie par la chute de Kadhafi pour coordonner ses activités en vue de renverser le régime de Bachar al-Assad", a-t-il affirmé.

"Le défi de l'heure consiste à assurer que la transition soit mise en oeuvre pour passer de la révolte populaire contre le colonel Kadhafi à un gouvernement stable sans lui", a noté de son côté le chef du parti de l'opposition britannique, Ed Miliband.

"La meilleure voie permettant à la Libye d'aller de l'avant est la transition appliquée par le peuple libyen qui tire les leçons du passé, y compris celle de l'Irak. Les priorités sont l'ordre public, l'amélioration des conditions de vie du peuple libyen et la solution intégrale et pacifique des problèmes par le peuple libyen", a conclu M. Liliband.