Libye : l’Occident dans l’embarras suite à la lutte au sein de l’opposition

Afriquinfos Editeur
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A en croire des analystes, l'enlisement militaire en Libye ne pourrait trouver une percée dans l'immédiat, suite à l'intransigeance de tous les deux côtés sur un arrêt des combats.

 LA PATIENCE DE L'OCCIDENT MISE A L'EPREUVE

Le général Fatah Younès a été tué le 28 juillet à proximité du bastion rebelle de Benghazi. Cet assassinat a jeté des incertitudes sur le contrôle de l'opposition dans l'ouest de la Libye, et sur la perspective de ses dissensions internes.

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Après la mort de M. Younès, l'OTAN a lancé des frappes de précision contre Tripoli, détruisant les installations de communication de satellite de la télévision nationale libyenne, afin d'empêcher le régime de Mouammar Kadhafi d'utiliser les ondes pour "dissuader le public et inciter la violence".

Côté Washington, la mort du commandant est un autre coup dur porté à l'opposition.

Le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner, a appelé les rebelles à s'en tenir à leurs engagements pour l'unité et la représentation de tous les Libyens.

"Ce qui compte, c'est qu'ils (les rebelles) travaillent de façon à la fois diligente et transparente pour assurer l'unité de l'opposition libyenne", a souligné M. Toner.

 De ses soutiens inébranlables affichés jadis à l'opposition libyenne à ses demandes proposées aujourd'hui sur les relations internes de l'opposition, les changements subtils de Washington laissent entrevoir son embarras. L'Occident n'a pas d'autre choix que de soutenir les rebelles libyens.

 La Norvège, un membre de l'OTAN, s'est retirée lundi des opérations militaires de l'alliance contre la Libye. Par ailleurs, la France et les Etats-Unis vont accueillir leurs élections présidentielles l'an prochain, tandis que la Grande-Bretagne est actuellement embourbée dans son scandale de piratage téléphonique.

Avec la multiplication des appels à la fin du conflit libyen dans les pays occidentaux, la patience de l'Occident sur la Libye est à l'épreuve.

DIVISIONS APPARUES DANS LE CAMP DE L'OPPOSITION

L'onde de choc due au décès du général Younès reste encore vive dans le camp de l'opposition.

Le Conseil national de transition (CNT, opposition) a annoncé avoir mis en place un comité d'enquête sur la mort du commandant.

Samedi dernier, le président du CNT, Moustapha Abdeljalil a déclaré que M. Younès avait été convoqué par le comité du CNT en raison de problèmes sur le champ de bataille. Mais d'après le CNT, la citation était "illégale".

Plusieurs versions ont émergé sur le meurtre. Un haut responsable de l'opposition a accusé le gouvernement de M. Kadhafi d'avoir commandité le meurtre de M. Younès, tandis qu'Ali Tarhouni, chargé des affaires économiques et du pétrole de la CNT, a révélé qu'un groupe religieux avait assassiné le commandant pour venger la répression menée par ce dernier contre les groupes religieux pendant qu'il était ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de M. Kadhafi.

Selon des analystes, les "doutes" et "spéculations" autour du décès de M. Younès font ressortir les différences entre les tribus, les forces religieuses, et d'autres groupes au sein du camp de l'opposition.

Les tribus soutenant M. Younès ont juré de se venger.

Apparemment, la mort de M. Younès a fragmenté l'opposition, et le CNT est désormais confronté au défi de maintenir la stabilité en son sein.

 L'IMPASSE RESTERA ENTIER SUR LES CHAMPS DE BATAILLE

Les combats en dents de scie entre les partisans de M. Kadhafi et les forces rebelles ont duré quelque temps. Malgré le ramadan, les deux parties ont toutes déclaré qu'elles n'allaient pas arrêter leurs opérations militaires, laissant ainsi entrevoir peu de chance de briser la confrontation pour le moment.

Le chef du CNT a rejeté la proposition sur le partage du pouvoir avancée par Abdelilah Al-Khatib, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye.

De son côté, le gouvernement libyen a déclaré que peu importe la continuation ou pas des frappes militaires de l'OTAN, réaffirmant que ses forces vont se battre jusqu'à la défaite des rebelles.

Les analystes estiment que l'impasse prolongée entre les forces gouvernementales et les rebelles risque d'aggraver la discorde existante entre certaines tribus dans les zones montagneuses dans l'ouest du pays, et de plonger la Libye dans un bourbier encore plus dangereux, au point de voir les tribus déclarer l'indépendance et établir des régimes qui leur sont propres.