UA : plus de 350 millions USD mobilisés pour éradiquer la famine dans la Corne de l’Afrique

Afriquinfos Editeur
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"Pour la première fois, nous avons demandé aux Africains d'aider d'autres Africains. C'était inédit. Et Les Africains ont répondu massivement. Nous nous attendions à quelques dizaines de milliers de dollars et nous avons eu plus de 350 millions de dollars et ça continue d'arriver", a révélé samedi soir à la presse à Libreville le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, lors de la remise d'un don de 200.000 USD de la Confédération africaine de football (CAF).

A côté des contributions de gouvernements, la BAD à elle seule a octroyé 300 millions USD au profit des actions de développement visant précisément à éradiquer la famine dans la Corne de l'Afrique, consécutive à une sécheresse récurrente dans cette région du continent et touchant environ 13 millions de personnes dont de nombreux enfants et des femmes, a précisé Jean Ping.

Un rapport de la Commission de l'UA présenté lors du dernier sommet de l'organisation panafricaine les 30 et 31 janvier à Addis- Abeba en Ethiopie décrit cette situation de sécheresse comme étant "la pire en 60 ans" et dont "l'impact de cette situation a été aggravée par les prix alimentaires très élevés, la réduction des capacités d'adaptation et des interventions humanitaires".

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"L'apparition de maladies animales liées à la sécheresse a également affecté les communautés pastorales et a contribué à la migration transfrontalière", explique en outre la Commission de l'UA dans une présentation sommaire de son rapport sur la situation humanitaire en Afrique au cours des 6 derniers mois, dont Xinhua a pu obtenir copie.

Pour sa part, le Réseau des systèmes d'alerte rapide contre la famine (FEWSNET), organisation non gouvernementale (Ong), estime que "si les sécheresses antérieures ont duré olus longtemps, la sécheresse actuelle, a été particulièrement sévère, en raison de la réduction des activités humanitaires du fait de la poursuite du confit en Somalie".

Le 25 août 2011, une conférence d'annonce des contributions en faveur des victimes de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique avait été organisée dans le but de "sensibiliser les Etats membres de l'Union africaine et la communauté internationale tout entière afin de mobiliser des ressources face à la situation catastrophique qui prévalait dans la région", selon Jean Ping. A en croire le chef de l'exécutif de l'UA, "la conférence d'annonce des contributions a permis à l'Afrique d'adopter une approche pro- active vis-à-vis des efforts d'atténuation de la sécheresse et de traduire dans les faits son engagement en intervenant en premier dans ce qui est d'abord une crise africaine avant de faire appel aux sources traditionnelles d'aide".

Encore que l'aide traditionnelle, indique-t-il, s'est révélée insuffisante. Un mécanisme international des fonds mobilisés comprenant l'UA, les Nations Unies, la BAD, la Banque mondiale, le Fonds des Nations Unies pour l'agricuture et l'alimentation (FAO) et d'autres organisations internationales a été mis en place pour que "la transparence et la bonne gestion soient assurées", soutient Jean Ping, ajoutant que "nous avons associté tout le monde dans la gestion de ces fonds".

Une innovation majeure, assure-t-il par aillerus, " contrairement à toutes les autres agences qui prennent un coût, nous ne prenons rien. C'est-à-dire, chaque agence qui reçoit des fonds prend autour de 10% pour financer leurs services qu'elles offrent. Nous, nous avons décidé de ne toucher à rien du tout. L'argent que nous recevons va intégralement vers les bénéficiaires ".

De même, "on a constaté que lorsque la famine sévit quelque part, on amène de l'aide d'urgence aux populations et puis après on oublie. Nous avons décidé que non seulement à court terme il faut nourrir les gens qui souffrent de famine, mais il faut éradiquer la famine. Et c'est possible, parce que si la sécheresse est un phénomène naturel, la famine ne l'est pas. On peut maîtriser la famine grâce à la maîtrise de l'eau, à la gestion des sols et à la gestion de toute la chaîne de production alimentaire", a-t-il ajouté.

De nouveaux rapports publiés cette semaine font état de ce que les effets de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique se sont quelque peu atténués grâce à des précipitations abondantes survenues au cours de la courte saison des pluies d'octobre à décembre, puis à d'importants intrants agricoles et à la réponsee humanitaire apportée au cours des six derniers mois. Mais, les prévisions météorologiques présagent la résurgence d'une crise alimentaire dans les mois à venir, à cause de la saison sèche.

"La situation s'est donc améliorée certes, mais le risque demeure élevé, pouvant progressivement anéantir les quelques acquis réalisés", s'inquiète Jean Ping. Par exemple, la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom), en soutien au gouvernement de transition, a réalisé des acquis importants ces derniers mois en restaurant la paix et la sécurité dans la plupart des districts du pays, se félicite-t-il. "Ces actions ont largement contribué à un environnement propice pour les opérations de paix dans le pays".

 

Une rencontre ministérielle et une réunion des donateurs de haut niveau sont prévues à Nairobi au Kenya fin de mars en vue d'assurer l'engagement politique et la programmation régionale et nationale des actions envisagées.

Pour le président de la Commission de l'UA, "il est en effet indéniable que la sécheresse est un phénomène récurrent dans la Corne de l'Afrique et que les réponses apportées relevaient plutôt de la réaction en étant plus portées sur la distribution rapide des denrées alimentaires au détriment de la recherche des solutions durables au problème".

"Il importe maintenant, fait-il savoir, de trouver au-delà des réponses immédiates à la crise alimentaire des solutions à long terme pour améliorer les moyens de subsistance des millions de personnes. Tout en étant cruciale pour la survie immédiate des populations, l'aide alimentaire d'urgence ne doit pas en effet faire oublier les interventions stratégiques en matière de production animale".

Pour le cas spécifique de la Somalie, cette production animale constitue la principale source de subsistance de la plupart des ménages en Somalie dont certains représentent 40 à 50% du PIB ( produit intérieur brut).