Interview de Robert Dussey: « Participer aux grands débats mondiaux fait partie de la vision du président Faure Gnassingbé»

Afriquinfos Editeur
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Pourquoi l’Afrique est-elle toujours « malade de ses hommes politiques »?

J’ai écrit en 2009 que « l’Afrique est malade de ses hommes politiques » parce que, bien qu’ayant enregistré des progrès, ce continent va mal. Peu d’études, aujourd’hui encore, laissent la place à l’espoir. La responsabilité des malheurs du continent ne peut être attribuée aux seuls facteurs externes. L’Afrique est aussi malade d’elle-même. Il suffit, pour étayer ce constat, d’évoquer le pillage organisé par celles et ceux qui font de la corruption, des détournements de deniers publics, du clientélisme, une méthode de gouvernement. Sur la liste des ennemis de notre développement, il convient d’ajouter les réseaux mafieux et autres lobbies qui contrôlent nos ressources stratégiques et soutiennent des pouvoirs autocratiques ou despotiques. La plupart des guerres et des conflits ayant appauvri l’Afrique ne peuvent se comprendre en dehors des enjeux géopolitiques et économiques. De puissants groupes d’intérêt se disputent le pétrole africain, tout comme le diamant, l’or, le cobalt, etc.

La reprise de la coopération entre Lomé et l’Union européenne, après une quinzaine d’années de rupture, date de décembre 2007. En quelques années, le Togo a retrouvé toute sa place dans la diplomatie mondiale…

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La reprise de la coopération entre Bruxelles et Lomé est le résultat des réformes politiques et économiques entreprises par le président Faure Gnassingbé. Cette reprise est la suite logique du succès des élections législatives de 2007 et de la présidentielle de 2010 qualifiées par des observateurs européens « de scrutins transparents, justes, démocratiques et crédibles ».

Le Togo préside actuellement l’Uémoa et est membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu…

De l’Uémoa au Conseil de sécurité des Nations unies, notre diplomatie recouvre ses lettres de noblesse. Le Togo retrouve la place qui fut la sienne au sein de la Communauté Internationale. La grandeur d’un pays n’est pas seulement liée à sa taille, mais aussi et surtout à sa détermination à agir et influer sur les questions de politique internationale. Par sa présence au Conseil de Sécurité, le Togo contribuera, à n’en pas douter, à enrichir le débat du Sud avec les grandes puissances.

 Entre « L’Afrique malade de ses hommes politiques » et « Une comédie sous les Tropiques », quelles mutations avez-vous notées ?

Il ne faut pas confondre les choses. « L’Afrique malade de ses hommes politiques » est un essai. « Une comédie sous les tropiques » est un roman. Le dénominateur commun de ces deux écrits est qu’ils sont critiques à l’endroit des mauvais dirigeants. Je me prive pour le moment de commenter certaines mutations parce qu’elles sont en cours. Je préfère prendre le temps d’observer. Mais je peux me permettre de saluer les révolutions intervenues récemment en Afrique du Nord  et les changements en cours dans d’autres pays.

 Au plan diplomatique, Faure semble plus timoré et sur la réserve que son père…

La diplomatie togolaise n’est pas « réservée ». Si elle l’était, nous ne serions pas au Conseil de sécurité des Nations unies.