Le nouveau chronogramme électoral dévoilé par la CENI déchaîne les passions en Guinée (SYNTHESE)

Afriquinfos Editeur
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Pour la circonstance, le président de la CENI ne s'est pas contenté d'une simple déclaration entre les quatre murs de son institution. Il a plutôt choisi de s'adresser à l'opinion nationale et internationale à travers une conférence de presse qui s'est déroulée le 1er mars dernier à la Maison de la presse de Coléah.

C'est ainsi qu'en véritable maître de cérémonie, le président de la CENI a déclaré que son institution avait jugé opportun de se réunir en session plénière le 29 février pour fixer un chronogramme électoral.

Et que les commissaires de la CENI auraient alors adopté à l'unanimité un calendrier fixant la date du scrutin législatif au 8 juillet. Ce chronogramme se déroule de la manière suivante : du 1er au 15 mars 2012, la CENI procédera à l'audit du fichier électoral, chose qui nécessite le recrutement d'un opérateur technique, dont la tâche va consister à conduire avec la CENI le processus de révision du fichier.

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Concernant cette révision des listes électorales, la CENI envisage qu'elle soit effective dans l'intervalle du 26 mars au 10 mai 2012. Puis ce sera le volet de la convocation du corps électoral qui se fera lui, le 28 avril. Quant aux listes définitives des candidats, la CENI promet de les afficher le 25 mai.

Ainsi la campagne électorale pourrait alors débuter le 28 mai. Tandis que l'édition des listes définitives se fera le 25 mai 2012, suivie de leur acheminement dans les bureaux de vote.

Le respect de ce chronogramme pourrait dépendre de la satisfaction de certains préalables, à en croire la Commission électorale nationale indépendante. Des préalables qui sont entre autres "le maintien de la structure actuelle de la CENI , y compris dans sa composition et la non participation à ces élections des Guinéens de l'étranger." Sans oublier "la mise à disposition des fonds nécessaires et à temps pour l'organisation des élections législatives."

La publication du nouveau chronogramme électoral continue d'alimenter la chronique dans la capitale guinéenne. Et la question ne semble pas faire l'unanimité au sein de la classe politique guinéenne. Le président de la CENI a jeté en quelque sorte un pavé dans la marre.

Ainsi le ministre guinéen de l'Administration du territoire et de la décentralisation Dr Alhassane Condé abordant le sujet dans les colonnes d'un hebdomadaire indépendant de la place paru cette semaine a bien voulu éclairer l'opinion sur l'une des prérogatives de la CENI qui est de fixer la date des élections. Dr Alhassane Condé a ainsi déclaré en guise de réaction à ce chronogramme que "c'est la CENI qui fixe la date des élections. Nous (le gouvernement, NDLR) ne faisons que les accompagner techniquement. Nous donnons simplement notre point de vue, mais c'est la CENI qui fixe la date. Et compte tenu du retard que nous avons eu avec le dialogue politique qui a duré deux mois, je ne suis pas étonné que la date soit fixée au 8 juillet. Donc, c'est tout à fait normal", a-t-il souligné. Avant de préciser pour ce qui est du "refus" de l'opposition d'admettre cette démarche de la CENI, que "dans aucun pays du monde, on ne fixe la date des élections par compromis avec les partis politiques. La date des élections n'est pas fixée par les partis politiques. On n'est même pas tenu de les associer, on les informe. C'est ce qui est normal", a indiqué le ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation.

Réagissant à son tour à ce chronogramme électoral adopté par la CENI , Mouctar Diallo, président des Nouvelles forces démocrates (NFD), un parti politique membre du collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, affirme d'emblée "ce chronogramme fixée par la CENI ne respecte pas les conclusions du "dialogue" qui avait prévu qu'avant l'audit qu'un cabinet qu'elle a choisi doit élaborer les termes de références de l'audit qui devaient bénéficier de l'accord de la classe politique." Dans une déclaration publiée pour la circonstance par Mouctar Diallo, dont xinhua a obtenu copie, l'opposant rappelle que "l'opposition est plus pressée à la tenue des législatives, mais nous voulons des élections propres pour respecter la volonté du peuple et garantir la paix en vue d'assurer le développement de la Guinée".

Selon lui "les Guinéens vivant à l'étranger doivent participer au vote. La loi leur donne ce droit car ils sont des guinéens à part entière et surtout qu'ils contribuent activement et efficacement au processus de développement de leur pays et donc ils doivent se prononcer sur leurs représentants à l'Assemblée nationale".

Il conviendrait de noter que les travaux du dialogue inclusif tenus du 27 décembre 2011 au 22 février 2012 n'ont pas pu départager les acteurs politiques autour de la restructuration de la CENI. En effet, deux options ont été mises dans la balance par le comité de facilitation lors de ces travaux.

A savoir la recomposition ou la restructuration de la CENI. Pour ce qui est des positions, il ya celle de la Mouvance qui "n'est ni pour la restructuration ni pour la recomposition de l'institution, mais demande la mise en place d'une Commission technique administrative pour renforcer les capacités de la CENI, avant les élections législatives".

Par contre l'opposition voudrait que soit pris en compte " le fondement des dispositions légales, notamment la Loi 013, par le respect de la parité au sein de la CENI conformément à l'article 10 de cette loi".

Elle demande dans la foulée "la recomposition de l'organe central et des démembrements en tenant compte de la représentation des familles politiques; le départ du président de la CENI et le rétablissement des commissaires indument demis de leurs fonctions.

En attendant de savoir si cette nouvelle date sera respectée pour la tenue des législatives, la polémique vient d'être relancée au sein de la classe politique guinéenne où la décision de la CENI est loin de faire l'unanimité.