Reprise des activités opérationnelles de la CENI ce mardi sur fond de quiproquo en Guinée (analyse)

Afriquinfos Editeur
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C'est comme si l'institution voudrait se garder d'en rajouter à la tension qui entoure la question liée à sa restructuration, en préférant faire preuve de discrétion.

Pour ce qui est de cette reprise de ses activités, le président du comité de facilitation n'y verrait plus un obstacle, vu que le dialogue est arrivé à son terme.

Intervenant sur les antennes des médias d'Etat ce mardi, Monseigneur Albert Gomez a affirmé que la commission chargée de rédiger le rapport des résultats issus du dialogue rendra compte de son travail à l'issue d'une plénière prévue demain au palais du peuple. Et que ce rapport va faire mention du "désaccord" des différentes parties prenantes à ce dialogue autour de la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mais qu'à cela ne tienne, cette institution pouvait poursuivre ses activités, en attendant de trouver une solution sur son sort.

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Faut-il cependant préciser que la CENI aurait déjà commencé à travailler depuis le jeudi 16 février, date qui avait été fixée pour la reprise de ses activités opérationnelles, ce après plusieurs reports. C'est du moins ce qu'a confié une source proche de l'institution à xinhua ce lundi.

Cette reprise intervient sans pour autant que des solutions idoines soient trouvées aux divergences qui opposent les participants au dialogue inclusif dont les travaux devaient prendre fin ce lundi. C'est en tout cas ce qui transparait des propos de certains opposants comme Sidya Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR), qui dans un entretien accordé à une radio locale ce lundi ne cache pas son scepticisme quant aux résultats de cette concertation.

Pour Sidya Touré, "le dialogue n'a rien donné en termes de résultats concrets". Le leader de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo, président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) avait lui aussi eu des mots durs à l'encontre du pouvoir ce dimanche, sur les antennes d'une autre radio privée de la place. Accusant le gouvernement de vouloir organiser une " mascarade électorale" lors des élections législatives en vue. Cellou Dalein Diallo n'a pas manqué de soulever le cas de la CENI dont il réclame la restructuration, ayant des doutes sur la moralité du président de la structure, qui pour lui aurait des accointances avec le pouvoir.

Face à ce concert de critiques, la mouvance présidentielle allume à son tour un contrefeu en disant que ce sont les partis politiques qui "s'agitent aujourd'hui" en faveur d'une refonte de la CENI, qui avaient pourtant demandé à ce que cette institution ne fasse l'objet d'aucune restructuration avant la fin du processus de transition.

Assimilant à une volteface les nouvelles exigences de l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) et du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, deux blocs formant l'opposition "radicale", qui trouvent maintenant que cette CENI ne serait pas "digne" de mener la transition à son terme.

Il faut rappeler que la mise en place de la CENI au temps de la deuxième république, sous le règne de feu Lansana Conté avait obéi à un schéma de répartition portant sur 10 représentants pour la mouvance présidentielle de l'époque, 10 de l'opposition, 3 de la société civile et 2 de l'administration du territoire. Ce qui faisait en tout 25 membres. Le Parti de l'unité et du progrès (PUP), ancien parti au pouvoir avait la part belle du gâteau dans ce partage, qui demeure toujours d'actualité. Puisqu'aucun changement n'a été opérée au niveau de la structure de l'institution, même si le PUP a enregistré une forte hémorragie en son sein avec le départ de la quasi-totalité de ses militants, ce depuis le décès de Lansana Conté le 22 décembre 2008.

La recomposition de la CENI exigée par l'opposition ne pourrait se faire sans l'aval du Conseil national de transition, organe législateur qui joue le rôle d'assemblée nationale. Car la CENI est bien une institution indépendante, une réalité que le président du comité de facilitation Monseigneur Albert Gomez ne manque pas de rappeler aux partisans de la restructuration de l'institution qui a la charge d'organiser les élections en Guinée.

En attendant de savoir ce à quoi vont aboutir les résultats des travaux du dialogue inclusif, concernant le volet de la refonte de la CENI, Louceny Camara et ses collaborateurs eux pensent que le moment est venu de reprendre leurs activités. Des activités opérationnelles qui ont été relancées depuis le jeudi dernier de façon officieuse, selon une source proche de l'institution.

La CENI avait dû suspendre ses activités à la demande du comité de facilitation pour lui permettre d'avancer dans le travail de rapprochement du pouvoir et de l'opposition, en vue de trouver des solutions "consensuelles aux nombreuses questions soumises à l'examen". Après deux semaines de suspension, la CENI devait reprendre son travail le 19 janvier. Mais elle se verra dans l'obligation de repousser ce délai au 23 janvier à la demande du comité de facilitation.

Puis du 23, la reprise va être ajournée pour le 10 février 2012. Alors que la CENI s'apprêtait à reprendre ses activités le 10 février, le comité de facilitation a demandé de nouveau un délai supplémentaire qui devait courir jusqu'au 15.

A cette occasion, la Commission électorale nationale indépendante avait tenu une session extraordinaire le 10 février pour donner une suite favorable à cette requête.

Et ses membres avaient décidé à l'unanimité de la reprise de leurs activités le 16 février. Etant entendu que la fin des travaux du dialogue était annoncée pour le 15 février. Mais, les travaux seront repoussés jusqu'au lundi 20 février par le comité de facilitation. Ce qui du coup allait aussi avoir une incidence sur la reprise des opérationnelles de la CENI. Qui devait encore attendre jusqu'au mardi 21 février pour annoncer la reprise de ses opérations. Une reprise qui a lieu sur fond de quiproquo.