Togo : avec le carburant frelaté : on redoute des conséquences environnementales

Afriquinfos Editeur
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Si au Nigeria, la raréfaction du carburant est liée à la décision du gouvernement d'arrêter sa subvention sur ce produit, entraînant du coup une perturbation, voire une interruption dans la commercialisation licite du produit, on explique plutôt le phénomène au Togo par un retard dans l'approvisionnement par les sociétés en raison des festivités de fin d'années, tandis que la situation au Bénin serait, elle, tributaire de celle qui prévaut au Nigeria.

Même si les autorités togolaises assurent qu'il y a du stock suffisant pour au moins les trois mois à venir et que la Société Togolaise d'Entreposage rassure qu'il y a un ravitaillement en quantité non négligeable, les analystes de la place pensent que le Togo n'est pas à l'abri de la disette qui frappe le Nigeria et son voisin béninois.

Jadis traquée comme une activité illicite, la vente de carburant de qualité douteuse ou "boudè", comme on l'appelle au Bénin et au Togo a tiré parti de la situation.

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L'essence, le gazoil et autres lubrifiants sont vendues librement aux bords des rues des trois pays sous les regards impuissants et capitulatifs des agents des forces de sécurité qui, eux-mêmes, s'approvisionnent parfois dans de telles conditions. Circonstances supposées exceptionnelles obligeant peut-être.

Au Togo comme au Bénin, on doit attendre parfois longtemps ou parcourir plusieurs kilomètres pour s'approvisionner dans une station service lointaine faute de pouvoir le faire à proximité. Qui plus est, il faut payer plus cher le produit. Un état de choses qui ralentit les activités économiques de ces pays quand on sait la place qu'occupe le carburant dans la mobilité des personnes et des biens.

Mais au delà des conséquences économiques, le pire est à redouter sur le plan environnemental et sanitaire.

Les véhicules à moteur explosif utilisant l'essence et autres dérivés du pétrole sont des facteurs de pollution atmosphérique.

Par leur utilisation, ils émettent dans l'atmosphère du plomb, du monoxyde de carbone et d'hydrocarbures, d'oxyde d'azote, du dioxyde de souffre, à dire d'expertise.

Autant de gaz nocifs aux conséquences environnementales dramatiques de par leurs "effets de serres" sur la couche d'ozone dont dépendent considérablement la santé et la survie humaine.

A l'heure où les normes environnementales internationales imposent l'utilisation des produits pétroliers moins polluants et que les automobilistes exploitent les pistes de solutions alternatives pour que l'automobile cesse d'être un agent polluant, on peut considérer l'utilisation "tolérée à contre-coeur" de l'essence frelatée comme un grand recul par rapport à l'évolution, même si une situation conjoncturelle semble y soumettre.

Les populations des trois pays concernés par cette crise de carburant et dont les Etats semblent fermer temporairement les yeux sur la vente de carburant de qualité douteuse en attendant de trouver les voies et moyens de juguler la crise, exposent leur environnement aux ravages des gaz nocifs et leurs populations à des ennuis sanitaires sérieux, s'ils ne se pressent d'agir énergiquement pour améliorer la situation.

Selon des études médicales menées par une équipe de chercheurs néerlandais et relatives les gaz libérés dans l'atmosphère par les véhicules sont facteurs des troubles de la respiration, des bronchites, des toux sèches, des grippes, de l'asthme, d'éruptions cutanées etc.

De par leurs effets de serres, pour d'autres chercheurs médicaux, ils peuvent entraîner des pneumonies graves, voire le cancer.

Des conséquences environnementales et sanitaires désastreuses relatives à la commercialisation anarchique du carburant sont donc à redouter au Togo, au Bénin et au Nigeria confrontés à une situation conjoncturelle, si les autorités de ces pays ne battent le fer à chaud en réagissant promptement par des mesures conséquentes pour normaliser la commercialisation licite des produits pétroliers et les rendre accessibles à toutes les couches sociales.