Bilan-2011 : La vie politique en Mauritanie a été fortement marquée par un dialogue pouvoir-opposition

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

L'issue de ce dialogue inclusif national, recommandé également par les Accords de Dakar il y a deux ans, est déterminante pour le tracé de la carte politique de la Mauritanie, après trois ans de crise  institutionnelle née du coup d'Etat de 2008.

Plusieurs partis d'opposition, dont l'Alliance populaire progressiste (APP) du président de l'Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkhier, ont pris part au dialogue. Toutefois, dix autres partis d’opposition, dont la Coordination de l'opposition démocratique (COD), et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), ont boycotté cette rencontre.

Le chef de l'Etat mauritanien avait souligné que ce processus "offrait aux différents partenaires politiques l'opportunité d'examiner les voies et moyens nécessaires à la promotion de notre vie démocratique, à travers un dialogue constructif portant sur notre situation politique".

- Advertisement -

Pour ceux qui ont participé, il s'agit de le faire parce qu'ils considéraient qu' il s'agit de la seule issue possible "pour sortir le pays de l'impasse politique dans laquelle il se trouve depuis le coup d'Etat d'août 2008".

Le dialogue s'est terminé le 19 octobre 2011 sur un consensus concernant plusieurs réformes constitutionnelles, selon un document final signé par les participants.

Ainsi, les deux parties considèrent, selon l'accord final, que "l'ancrage de la démocratie, la préservation et le renforcement des libertés publiques exigent un système politique fondé sur une nette séparation des pouvoirs".

Elles avaient également convenu d'apporter des modifications à la constitution de 1991 modifiée en 2006, notamment sur la responsabilité du gouvernement devant le parlement.

Le document final confirme l'arabe comme langue nationale du pays et interdit, expressément, dans

l'un de ses articles, l'esclavage, la torture et toute autre forme de traitement dégradant et humiliant.

Par rapport à l'alternance pacifique au pouvoir, le texte préconise la mise à l'écart de la politique de l'armée et la "criminalisation des changements anticonstitutionnels et des coups d'état militaires".

L'accord pouvoir-opposition avait proposé la mise en place d'une commission électorale permanente chargée de la supervision et de la conduite des opérations électorales.  Le 7 décembre, un projet de loi organique portant création de cette Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), a été adopté par le conseil des ministres.

Les deux parties étaient convenues de renforcer et de consolider l'unité nationale autour caractère multiculturel du pays le droit de la différence qu'il implique, tout en consacrant l'arabe comme langue nationale du pays, la promotion et le développement les langues nationale.

Elles avaient souligné également que "la volonté politique affirmée d'éradiquer l'esclavage et d'assures aux couches les plus vulnérables des conditions de vie décentes constitue une condition sine qua non pour la préservation de l' unité du peuple mauritanien et de sa cohésion sociale".

Il mentionne également d'autres thématiques, telles que la bonne gouvernance, la neutralité et le professionnalisme de l'administration, ainsi que les défis sécuritaires et la lutte contre le terrorisme.

L'accord prévoit enfin la désignation, en commun accord, d'une commission chargée du suivi et de la mise en exécution des résultats définitifs de l'ensemble des travaux du dialogue politique national.

Jusqu'à présent, le gouvernement mauritanien continue à concrétiser ces engagements, notamment ceux liés à la libéralisation de l'audiovisuel et la mise en place d'une CENI et le renforcement des équipements de l'armée.

Malgré toutes ces "avancées significatives", des partis d'opposition, en estimant que le processus de dialogue national n'avait abouti qu'à de "maigres résultats", continuent à qualifier ce processus de "mascarade consacrant la gestion unilatérale des affaires du pays par Ould Abdel Aziz".