Afrique du Sud/Spirale de scandales: Jacob Zuma n’a «pas peur d’aller en prison»

Afriquinfos
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Johannesburg (Afriquinfos 2016) – Le président sud-africain Jacob Zuma était devant ses partisans ce samedi. Sa première sortie publique depuis la publication d’un Rapport accablant contre le Chef de l’exécutif de ce pays. Devant ses soutiens, le président sud-africain a laissé entendre qu’il n’a «pas peur de la prison».

«J’ai passé beaucoup de temps en prison, je n’ai pas peur de la prison. Je suis passé par là», a-t-il affirmé dans un discours en zoulou à Dumbe, une petite municipalité de sa province d’origine (le Kwazulu-Natal). Selon Jacob Zuma qui n’a pas perdu sa verve d’harangueur populiste, c’est l’opposition qui serait derrière l’acharnement dont il subit depuis la publication du Rapport qui met en cause son gouvernement. En effet, dans son intervention devant une foule nombreuse foule de militants du Congrès national africain (ANC, le parti au pouvoir), il a fait cas des 783 charges de corruption, fraude fiscale et racket dans une vieille affaire de contrat d’armement dans laquelle il serait impliqué et pour laquelle le parquet pourrait rouvrir une enquête judiciaire prochainement.

Zuma en mode riposte

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«L’opposition utilise les tribunaux pour effrayer l’ANC, mais nous n’allons pas nous laisser intimider», a dénoncé Jacob Zuma. Et pourtant, il est dans une mauvaise passe. Il est sous les feux de la contestation depuis la publication mercredi dernier d’un rapport officiel qui révèle les liens très étroits du président sud-africain avec une richissime famille d’hommes d’affaires, les Gupta, d’origine indienne.

L’opposition de son côté ne lâche pas la pression. Elle a lancé une motion de défiance contre le Président et sera soumise au Parlement le 10 novembre prochain. Même certains membres de l’ANC sont déçus et réclament sa démission. «Notre pays est gouverné par une mafia», s’est alarmé le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA). «Il est désormais temps pour le Parlement de renvoyer Jacob Zuma», insiste la DA.

Cependant, sa motion a peu de chance d’être adoptée. Le Congrès national africain est majoritaire à l’Assemblée nationale même si les soutiens dont bénéficie Jacob Zuma le désavouent. «Avec cette corruption évidente, le président fait honte à notre pays», a reconnu avec amertume Cheryl Carolus, proche de Nelson Mandela. «L’ANC doit cesser de placer les intérêts de Jacob Zuma devant ceux de l’Afrique du Sud», a insisté de son côté le groupe «Save South Africa» (Sauvons l’Afrique du Sud) qui rassemble des figures historiques de l’ANC, des responsables religieux et des dizaines de dirigeants d’entreprise. «Le président doit démissionner maintenant», estime ce Groupe.

Jacob Zuma n’a jamais été aussi ébranlé comme ces dernières semaines. La presse s’est saisie de l’affaire et appelle à la démission du Président. «Un président mort vivant», «Pire semaine pour Zuma depuis sa prise de fonction», «Fin de règne pour Zuma, abandonné à son sort», sont entre autres, la Une des journaux sud-africains ces derniers jours, journaux qui semblent sonner le glas au chef de l’Etat.

Le document publié mercredi dernier met en évidence l’ampleur  des rapports étroits entre la famille Gupta (à la tête d’un puissant empire industriel et médiatique) et les affaires d’Etat. Le mandat de Jacob Zuma expire en 2019. De nombreux scandales ont émaillé sa Présidence. Entre autres, l’affaire de corruption dans un contrat d’armement, l’abus de biens publics dans la rénovation de sa résidence secondaire à Nkandla…

 Anani   GALLEY