Sanctions du 22 septembre de la CEDEAO contre la Guinée: Bamako solidaire de Conakry, entre officiers 

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

Conakry (© 2022 Afriquinfos)- A l’issue d’un Sommet extraordinaire tenu à New York en marge de la 77ème Assemblée Générale de l’ONU, la CEDEAO a pris des sanctions allant du gel des avoirs à l’interdiction de voyager, à l’encontre de certains responsables du gouvernement de transition en Guinée. Les dirigeants ouest-africains ne pourront pas compter sur le Mali pour appliquer lesdites sanctions. Bamako a annoncé qu’il se désolidarisait et réaffirme son soutien au peuple guinéen.

Réunis à New York le 22 septembre dernier, les dirigeants ouest-africains ont décidé de sanctions progressives contre la Guinée. « Nous avons décidé de prendre des sanctions contre la Guinée… rapidement, le président en exercice de la Cédéao et le président de la commission de la Cédéao vont établir une liste de personnes à sanctionner et, de manière graduelle, appliquer ces sanctions »,, a déclaré le président de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) Omar Aliou Touray. Ces sanctions iront du gel des avoirs financiers à l’interdiction de voyager et sont à « l’encontre des personnes et groupes de personnes ou encore des membres des autres institutions de la transition et toute autre personne cherchant à empêcher le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée dans un délai raisonnable«  avait précisé la CEDEAO.

Le Mali n’adhère pas à ces sanctions et l’a fait aussitôt savoir. ‘’Le gouvernement de la Transition a pris connaissance du Communiqué final du Sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu le 22 septembre 2022 à New York sur la situation au Mali et en Guinée’’ a introduit le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien. Et d’ajouter que ‘’ compte tenu de la solidarité et de la fraternité entre le Mali et la Guinée, le gouvernement de la Transition décide de se désolidariser de toutes les sanctions illégales, inhumaines et illégitimes prises à l’encontre de la République sœur de Guinée et ne leur réservera aucune suite, d’adopter, si nécessaire, des mesures pour assister la République de Guinée, afin d’annihiler les conséquences de ces sanctions inutiles contre le peuple et les autorités de la Guinée’’.

Bamako a en outre interpellé la CEDEAO lui rappelant que son objectif est ‘’d’améliorer les conditions de vie des populations et non d’adopter des sanctions contre-productives les affectant ’’. « Les transitions politiques ne résultent que de la mauvaise gouvernance. En conséquence, les autorités de Transition méritent d’être accompagnées par la CEDEAO pour mener des réformes politiques et institutionnelles qui contribueraient à renforcer la bonne gouvernance et la stabilité » fait savoir également les autorités de transition malienne qui réitèrent leur « solidarité indéfectible et son ferme soutien au peuple frère et au gouvernement de la République de Guinée dans leur engagement à jeter les bases d’une refondation de l’Etat guinéen à travers des réformes politiques et institutionnelles nécessaires à un retour apaisé, crédible et sécurisé à un ordre constitutionnel normal ».

- Advertisement -

Cette position de Bamako peut être perçue comme un retour d’ascenseur. On se souvient, en janvier 2022, lorsque les sanctions de la CEDEAO frappaient le Mali, Conakry, s’était lui aussi désolidarisé les jugeant ‘’disproportionnées’’. Le Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD) dirigé par la Colonel Mamadi Doumbouya avait alors indiqué : que ‘’les frontières terrestres, aériennes et maritimes de la Guinée resteront ouvertes au Mali’’. La solidarité entre les deux juntes militaires ne font donc aucun doute. Les deux dirigeants, Mamadi Doumbouya et Assimi Goïta se sont d’ailleurs rencontrés en marge du 62ème anniversaire de l’indépendance du Mali et ont plus que jamais affiché leur affinité.

Boniface T.