Procès des disparus du Novotel : de nouvelles pièces voient le jour

Afriquinfos
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Abidjan (© 2017 Afriquinfos)- L’audition des dix accusés du procès des disparus du Novotel a pris fin  ce jeudi 2 mars. Ces hommes, militaires ou miliciens fidèles à l’ancien président Laurent Gbagbo, sont accusés d’avoir enlevé quatre hommes, dont deux Français, dans un hôtel abidjanais en pleine crise post-électorale et de les avoir tués au palais présidentiel. Des inculpés qui, dans l’après-midi de jeudi ont fait face à la juge d’instruction française qui a mené conjointement l’enquête pendant six ans avec une consœur ivoirienne. Citée comme témoin par les parties civiles, la magistrate a versé de nouvelles pièces au dossier, mettant en cause l’affirmation de la défense.

Saisie quelques jours seulement après la mort des quatre otages dans la cour de la présidence ivoirienne, Patricia Simon était à Abidjan pour mener l’enquête moins d’un mois plus tard, dès la fin avril 2011. Pendant plusieurs années, aux côtés d’une magistrate ivoirienne, la juge française a suivi les fouilles dans la lagune, organisé une reconstitution, écouter des témoins.

Et selon elle, trois des hommes sont morts roués de coups dans une arrière-cour du palais présidentiel, le 4e a été achevé de balles de kalachnikovs. Des affirmations qui mettent en difficulté la défense. Pour la juge française, impossible que les victimes soient mortes dans un bombardement français ou onusien. Il n’y a pas eu de frappe sur le palais ce jour-là, dit-elle.

Mais pour les avocats des accusés, ce témoignage n’a rien de crédible. « On est fâchés. La juge d’instruction française est venue lire peut-être un rapport de son instruction mais c’est tout sauf un témoignage. Elle a énoncé des noms, elle a dit des choses qui vont en contradiction avec ce qui a été dit ici. Pour nous, c’est de la fiction qu’elle a faite », a affirmé l’un d’eux.

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La cour va pouvoir se forger sa propre conviction, car Patricia Simon a communiqué les pièces dont elle dispose. Rapport d’autopsie, vidéo de surveillance, procès-verbal de reconstitution, des éléments essentiels qui figuraient bien au dossier d’instruction. Mais qui ont étrangement disparu ces derniers mois, juste avant l’ouverture du procès.

Pour sa part, Jean-Marc Simon, l’ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire rejette les accusations de l’ancien patron de la Garde républicaine, le général Bruno Dogbo Blé. Au cours de son audition mercredi, ce dernier a accusé l’armée française de n’avoir pas su protéger le site du Novotel où étaient regroupés plusieurs ressortissants français, notamment des journalistes venus couvrir la crise. Une accusation incohérente, estime Jean-Marc Simon, car l’armée française ne pouvait pas se déployer dans cette zone selon lui.