Khalifa Sall et Karim Wade livrent leur lecture des violences récentes au Sénégal et proposent

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2023 Afriquinfos)- Avant le président du Pastef et principal actuel opposant à Macky Sall, des adversaires au pouvoir en place ont eu des ennuis avec la justice sénégalaise. Il s’agit de Khalifa Sall, Karim Wade et Barthélémy Dias. Les deux premiers ont réagi face aux derniers événements douloureux que vit leur pays.

Khalifa Sall (ancien maire de Dakar) a purgé une peine de cinq ans pour escroquerie sur les deniers publics, avant de recouvrer la  liberté à la faveur d’une grâce présidentielle. Selon lui, ‘’ces événements désastreux  que vit le Sénégal est le fruit d’une rupture de confiance entre acteurs politiques et de frustrations accumulées depuis que la sélection des protagonistes politiques aux joutes électorales est devenue une règle’’. Aussi, ‘’la haine est en train de prendre le pas sur le bon sens, et finit par faire le lit de tous les outrages, de tous les excès. Il nous faut sortir de cet engrenage en passe de mener notre pays dans l’abîme ».

« J’appelle le Président de la République à prendre de la hauteur en mettant en avant la primauté de l’intérêt national’’, a-t-il écrit dans un message. Et de poursuivre sur Twitter: ‘’Qu’il sache que, de par sa fonction, il est comptable des colères et des angoisses de son peuple. Il lui faut, en «bon médecin», prendre le pouls de ses concitoyens et prescrire la bonne posologie. Et la bonne ordonnance consiste à: organiser des élections libres et transparentes, des élections inclusives où seul le peuple aura le dernier mot’’.

Arrêté en mars 2017 puis condamné en août 2018, Khalifa Sall avait été reconnu coupable du détournement d’environ 2,5 millions d’euros, prélevés entre 2011 et 2015 dans les caisses de la ville de Dakar.

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Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ancien chef d’Etat Abdoulaye Wade, s’est également exprimé sur ce douloureux sujet. Il a lancé un appel au calme face à la tension persistante au Sénégal. Dans un message publié, il ‘’exhorte tous les acteurs impliqués à faire preuve de retenue et à éviter tout excès. Il appelle à renoncer à tout recours injustifié’’. Candidat à la présidentielle de 2024, il a rappelé les événements qu’il a lui-même vécus en tant qu’opposant politique. Notamment son ‘’emprisonnement arbitraire et son exil forcé. Il met en garde contre les conséquences de l’oppression et de la violence’’.

Il appelle également l’ensemble de la classe politique à privilégier le respect des institutions, le dialogue et la concertation. Il rappelle que « le pouvoir ne peut être obtenu en marchant sur des cadavres et condamne fermement les pertes en vies humaines causées par les violences récentes« .

Karim Wade a été condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d’euros d’amende pour ‘’enrichissement illicite’’ quand son  père dirigeait le pays. Après trois ans de prison, il a bénéficié d’une grâce présidentielle et a été libéré en juin 2016. Cependant, il est en exil à l’étranger et est sous la menace d’une arrestation s’il rentre au pays, à moins qu’il s’acquitte de son amende.

Désigné candidat du Parti démocratique sénégalais, l’ancien parti au pouvoir, à la présidentielle de 2019, sa candidature avait été rejetée en raison de sa condamnation.

Le parti de K. Wade et la formation de K. Sall participent depuis le 31 mai au « dialogue national », un rendez-vous boudé par le Pastef et son leader.

Procès politique contre Ousmane Sonko

L’opposant est confronté à la justice depuis 2021 dans deux affaires: une accusation de diffamation qui l’oppose à un ministre et une accusation de viols et de menaces de morts portée par une ancienne employée d’un Salon de beauté de Dakar.

Face à cela, Ousmane Sonko crie au complot orchestré par le chef de l’Etat, Macky Sall, pour l’écarter de la présidentielle de 2024. Aux opposants qui accusent le pouvoir de manipuler les juges, le ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall rétorque que dans le cas d’Ousmane Sonko, par exemple, il s’agit d’une affaire « purement privée » dans laquelle l’Etat, dit-il, n’a rien à voir. A chaque fois que des hommes politiques, partout dans le monde, ont été confrontés à des affaires judiciaires, on a accusé le pouvoir d’instrumentaliser la Justice pour éliminer des opposants à des élections, rappelle Madior Fall.

Vignikpo Akpéné