Mali: C. Maïga annonce un prochain partenariat sécuritaire sans infirmer ni confirmer la piste Wagner

Afriquinfos Editeur
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Zones d'influence des groupes armés au Sahel.

Bamako (© 2021 Afriquinfos) Les autorités maliennes continuent de maintenir le flou sur leurs réelles intentions autour aux suspicions de rapprochement avec le groupe Wagner. A la tribune des Nations Unies tout comme dans une interview accordée à nos confrères de RFI, le Premier Ministre malien Choguel K. Maïga, n’a pas caché la volonté de son pays d’explorer d’autres «pistes» sans toutefois citer le groupe paramilitaire privé russe. Des propos qui n’ont pas manqué de susciter de nouvelles réactions en interne et des partenaires du Mali.

Très incisif ces dernières semaines sur les questions liées à la sécurisation du Mali, le Dr Choguel Maïga, PM malien, a accusé Paris d’«abandon»: «La France nous a abandonnés en plein volQuand on annonce par exemple la suspension des opérations militaires au motif que le Gouvernement malien serait en train de discuter avec les jihadistes, je pense qu’il fallait au moins échanger avec le Gouvernement malien, parce que c’est une demande forte de plusieurs années du peuple malien qui dit que ceux qui sont avec les jihadistes sont des jeunes souvent désœuvrés, souvent endoctrinés dans la pauvreté, par le désespoir, souvent par la force. Discutons pour récupérer ceux qui sont récupérables. Mais, en aucun cas, on n’a remis en cause les opérations militaires de lutte contre le terrorisme», a expliqué le Chef du gouvernement malien.

Sur le dossier d’un éventuel rapprochement entre Bamako et le Groupe Wagner, le politique Choguel entend aviser le moment venu: «Le Gouvernement malien a l’obligation de chercher des solutions pour sécuriser les personnes et les biens au Mali. A partir du moment où nous avons une solution qui ne donne pas totalement satisfaction et qu’en cours de route, je viens de vous indiquer, on nous abandonne en plein vol, pour le moins, si on est un Gouvernement responsable, on doit s’interroger. Ne faut-il pas chercher d’autres solutions, d’autres partenaires qui ne sont pas exclusifs! Mais, on ne peut pas nous interdire, en tant qu’État souverain, de prospecter d’autres formules», soutient-il.

Avant de conclure au micro de RFI: «Moi, je ne connais pas de groupe Wagner. C’est la presse et vous qui le dites. Je ne connais pas… Je dis que le jour où le Gouvernement malien va signer un accord, certainement, cela ne sera pas pour dans longtemps, on le rendra public. Et à ce moment-là, je serai prêt à répondre à toutes les questions. Pas avant».

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Ces propos du Premier ministre malien ont évidemment suscité des réactions. La Ministre française des Armées, Florence Parly, a notamment réagi à l’accusation d’abandon formulée par Bamako: «Quand on a 5.000 soldats et qu’on se désengage de trois emprises, et qu’on a l’intention d’en laisser encore plusieurs milliers, ce n’est pas l’attitude normale d’un pays qui a l’intention de s’en aller», s’est-elle défendue. Avant elle, c’est le ministère français des Affaires étrangères qui avait réagi sur le même sujet: «La transformation de notre dispositif militaire au Sahel ne constitue ni un départ du Mali ni une décision unilatérale, et il est faux d’affirmer le contraire», a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay.

Si Paris se défend de tout abandon, elle n’oublie pas de rappeler tout comme l’ont fait Berlin ou encore Washington, que son intervention dans la région du Sahel ne saurait se faire avec la présence de mercenaires russes, de quelque groupe que ce soit.

S. B.