Quelle mouche a donc piqué Saadi Kadhafi ?

Afriquinfos Editeur
3 Min de Lecture

Les autorités nigériennes ne décolèrent pas. Le pouvoir libyen non plus. Le 14 février, c’est le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration et des Nigériens à l’extérieur, Mohamed Bazoum, qui a réagi à l’appel à la révolte lancé depuis Niamey par Saadi Kadhafi, réfugié au Niger depuis la chute de son père : « Les propos tenus par Saadi Kadhafi sont très graves. Il a transgressé les conditions en vertu desquelles nous l’avons accepté sur notre territoire. Notre philosophie, c’est de ne jamais accueillir chez nous un opposant belliqueux, a fortiori celui d’un pays voisin. Nous ne pouvons pas accepter qu’on organise la subversion à partir du Niger, même dans le cadre d’une interview. La subversion commence par le verbe, ensuite elle prend d’autres formes. Et, de notre point de vue, toutes les formes se valent. » 

Avant Bazoum, son collègue de la Justice (et porte parole du gouvernement), Marou Amadou, avait fustigé les propos du fils de l’ex-guide libyen. C’est dire la surprise et la colère des officiels nigériens. Pour rappel, Saadi Kadhafi a accordé une interview à la chaine de télévision Al Arabiya, dans laquelle il annonce, ni plus ni moins, son intention de mener des attaques contre la Libye, alors qu’en vertu de son statut, il devait se garder de toute activité politique et subversive. Comment expliquer qu’il ait pu donner une interview alors qu’il était en résidence surveillée ? Sans être explicite, le porte-parole du gouvernement nigérien a déploré « la baisse » de la surveillance dont il était l’objet.

Saisissant la balle au bond, le CNT a demandé l’extradition de l’intéressé. Les Nigériens vivant en Libye ont été menacés d’exactions de la part de la population libyenne. « Il y a eu des menaces sur notre consulat à Sebbha, raconte un diplomate. Nous en avons été informés par une indiscrétion. Nous avons donc fait fermer les bureaux et notre consul s’est mis en lieu sûr. Nous avons passé la même consigne à nos compatriotes ainsi qu’à notre chargé d’affaires à Tripoli ».

Des mesures de prudence justifiées. Des individus s’en sont pris à l’ambassade du Niger à Tripoli qui a été mise à sac. Des graffitis ont été tracés sur les murs avant que la police n’intervienne pour disperser les vandales et sécuriser l’endroit. « Il y a désormais trois policiers en permanence devant notre ambassade, poursuit le diplomate. Le président de la République a téléphoné à son homologue libyen et tout est rentré dans l’ordre. Il lui a donné l’assurance que ce type d’incident ne se reproduirait plus. » Tout en refusant d’extrader Saadi Kadhafi vers Tripoli, où il risque la peine capitale.