Ouagadougou (© 2023 Afriquinfos)- S’il cherche à provoquer l’ire d’Abidjan, Guillaume Kigbafori Soro ne pouvait pas mieux s’y prendre. Après Niamey, l’ancien Premier ministre ivoirien en exil depuis 5 ans, s’est rendu à Ouagadougou où il a été reçu ce 21 novembre par le Président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré. Il n’est un secret pour personne qu’entre ces régimes militaires et le pouvoir d’Abidjan, ce n’est pas le grand amour.
Quelques jours après mis fin à son exil hors de la Côte d’Ivoire qui durait depuis cinq ans et être apparu du côté de Niamey, c’est à Ouagadougou que l’on retrouve Guillaume Soro. C’est d’abord un communiqué de Générations et Peuples Solidaires (GPS), le mouvement politique qui le porte, qui a annoncé la visite ouagalaise de l’ancien Premier Ministre ivoirien. Une audience chez le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a été à l’agenda de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.
La Présidence du Burkina Faso, dans un communiqué, a confirmé la rencontre entre le Chef de la junte et ‘’cette figure de la politique ivoirienne qui dit fouler le sol du Burkina Faso avec beaucoup d’émotions car, dit-il, j’ai été cinq ans durant loin du continent africain, en exil».
Tout comme à Niamey où il a été reçu avec les honneurs par les militaires au pouvoir, Guillaume Soro a déclaré que ‘’c’est tellement saisissant de voir que je peux fouler, à nouveau, le sol du Burkina Faso, grâce à un Gouvernement militaire, là où, les Gouvernements prétendument démocratiquement élus ont refusé de reconnaître le droit du citoyen que je suis, du Ouest-africain que je suis’’.
A sa sortie d’audience, l’ancien Premier Ministre a dit avoir été positivement surpris par le leadership de son hôte, le capitaine Ibrahim Traoré: ‘’J’ai rencontré le Président de la Transition; j’ai été impressionné par sa grande vue des questions sous-régionales’’. GKS n’a pas manqué de saluer la résilience du peuple burkinabè et le féliciter pour son combat contre le terrorisme.
La proximité de l’ancien chef de la rébellion des Forces nouvelles aux côtés des régimes putschistes du Sahel, est, on se doute, très mal vue, du côté d’Abidjan. Si aucune réaction officielle n’a encore eu lieu, Alassane Ouattara qui incarne l’aile dure de la CEDEAO, face aux régimes issus des coups d’Etat militaires, ne doit pas apprécier que son ex-allié, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, se pavane librement à Niamey, à Ouagadougou et peut-être prochainement à Bamako.
Ce retour d’exil de Guillaume Soro intervient quelques jours après une rocambolesque affaire présumée d’enlèvement raté à l’aéroport d’Istanbul en Turquie. Une version démentie par le pouvoir d’Abidjan. L’ancien leader de la FESCI (Fédération estudiantine) envisage-t-il de fouler le sol ivoirien après son périple sahélien? C’est la question à laquelle les 29 millions d’Ivoiriens aimeraient avoir une réponse.
Boniface T.
