78è UNGA: Plusieurs Etats africains prônent le non-alignement tout en critiquant vertement l’Europe centrale

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

New York (© 2023 Afriquinfos)- La 78ème Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) qui s’est tenue à New York du 19 au 26 septembre a été marqué par les traditionnelles interventions des dirigeants du monde. Celles de certains dirigeants africains ont particulièrement retenu l’attention pour leurs critiques ouvertes contre la démocratie à l’européenne et le néocolonialisme.

Cette année, les échanges à la 78ème session de l’Assemblée générale de l’ONU ont porté sur le thème « Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action menée pour réaliser le Programme 2023 et ses objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tout le monde».

C’était l’occasion pour les Chefs des délégations africaines à l’ONU de dénoncer le modèle de gouvernance à l’occidentale qui ne convient pas forcément à l’Afrique. C’est le cas du président de la transition en Guinée. Mamadi Doumbouya a notamment déclaré que «l‘Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui nous a été imposé, un modèle certes bon et efficace pour l’Occident, qui l’a conçu au fil de son histoire, mais qui a du mal à passer et à s’adapter à notre réalité…Hélas, j’aimerais dire que la greffe n’a pas pris».

Le Chef de l’Etat guinéen a également dénoncé les «catégorisations» dans lesquelles les autres nations veulent cantonner les États africains. «Nous ne sommes ni pro, ni anti-Américains, ni pro, ni anti-Chinois, ni pro, ni anti-Français, ni pro, ni anti-RussesNous sommes tout simplement pro-Africains, c’est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte à une population de plus d’un milliard d’Africains, a-t-il martelé, dont environ 70% des jeunes totalement décomplexés. Des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre en main leur destin».

- Advertisement -

Mamadi Douboumya est imité à la tribune de l’Onu par le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey qui a lui aussi pointé un doigt accusateur sur les pays riches. Après avoir constaté qu “au moment où nous sommes réunis dans cette enceinte, le constat est que notre monde présente un état peu reluisant”, il a indiqué que “la structuration idéologique et institutionnelle du monde d’après-guerre est désormais obsolète”.

Avant de souligner la lassitude du continent, encore relégué à un rôle de faire valoir sur l’échiquier international. “Nous sommes fatigués par votre mépris de nos opinions publiques, votre mépris de nos populations et de nos dirigeants. Travaillons ensemble dans un respect mutuel pour un avenir radieux pour l’Afrique et le monde”, a conclu le Chef de la Diplomatie togolaise.

Le ton est également le même chez le Ministre de la Fonction Publique du Burkina Faso, Bassolma Bazié qui a dénoncé ‘’l’hypocrisie’’ des puissances occidentales. L’émissaire du président de la transition, Ibrahima Traoré a fustigé le deux poids, deux mesures de l’Occident face à la situation sécuritaire qui prévaut dans son pays en comparaison à l’Ukraine.

M. Bazié a annoncé à la face du monde que le Burkina Faso se libère de toutes formes de carcans et prenait désormais son destin en main: ‘’ En un mot, notre sécurité sera assurée par nous-mêmes en priorité, et non par quelqu’un d’autre. Le Burkina Faso liera de façon souveraine ses partenariats et achètera ses moyens de défense avec qui il veut. Qu’un pays s’appelle Russie, Iran, Azerbaïdjan, Cuba, Nicaragua, Corée du Nord, le Burkina Faso y achètera et y vendra ses produits sans intermédiaires, encore moins sans autorisation de qui que ce soit’’, a-t-il martelé.

C’est au ministre malien des Affaires étrangères d’enfoncer le clou. Abdoulaye Diop s’est en lui aussi pris aux propensions néocoloniales de certains pays occidentaux notamment la France.

Il a réaffirmé la détermination de son pays à lutter contre le terrorisme avec des partenaires qu’il aura librement choisi: ‘’Malgré ces difficultés, ou mieux, en raison de ces difficultés, le Gouvernement de la République du Mali est plus que jamais déterminé à exercer sa souveraineté, asseoir son autorité, toute son autorité sur l’ensemble du territoire national. Aux attaques obscurantistes, l’offensive des Forces de défense et de sécurité se poursuivra et la riposte sera immédiate et ferme », a insisté Abdoulaye Diop.

Boniface T.