Situation au Niger: A. Mindaoudou réclame une justice diplomatique, le Togo offre un couloir humanitaire

Afriquinfos Editeur
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Niamey (© 2023 Afriquinfos)- Le coup d’État perpétré au Niger le 26 juillet 2023 ne cesse de faire couler de l’encre et de la salive. Tandis que le Président Umaro Sissoco Embaló indiquait ce 15 septembre qu’une intervention militaire de la CEDEAO au Niger visant à restaurer le Président Bazoum et l’ordre constitutionnel, était “toujours sur la table », chez Aïchatou Mindaoudou, ce n’est pas le même son de cloche.

Selon Aïchatou Mindaoudou, ancien représentant spécial des Nations unies en Côte d’Ivoire – Ancien ministre des affaires étrangères du Niger, ‘’ la CEDEAO et l’ensemble des pays impliqués doivent mettre “balle à terre” pour que, dans la sérénité, s’organise de la façon la plus adéquate la période à venir afin de favoriser un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal.’’

A l’issue du coup d’Etat au Niger, une «rafale» de sanctions a été prise contre le Niger avec effet immédiat, couronnée par la menace d’une l’intervention armée si la junte ne remettait pas le Président déchu, Mohamed Bazoum, «démocratiquement élu», sur son fauteuil dans un délai d’une semaine, soit le 6 août 2023 au plus tard, a rappelé l’ancienne représentant spécial conjoint des Nations unies et de l’Union africaine pour le Soudan au Darfour.

D’après Mindaoudou, ces sanctions, inédites, s’avèrent beaucoup plus sévères et contraignantes que celles infligées par les Occidentaux à la Russie à la suite de la guerre en Ukraine.

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La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement est allée loin en prononçant des sanctions drastiques et inédites qui ne sont prévues dans aucun des textes en vigueur de la CEDEAO. Il s’agit notamment de l’embargo sur les produits de première nécessité, les produits alimentaires et les produits pharmaceutiques.

Ces sanctions sont prises en totale violation de la section 2 alinéa 6 du cadre de Prévention des Conflits qui oblige les États à «garantir la sécurité humaine, c’est-à-dire à créer les conditions pour éliminer les menaces graves aux droits des peuples et des individus, aux moyens de subsistance, à la sécurité et à la vie… en vue de permettre aux populations de se libérer de la peur en général, et de la peur d’être dans le besoin en particulier».

Imposer de telles sanctions à des populations majoritairement exsangues, pauvres et éprouvées par les défis multiples posés par leur environnement, constitue également une violation du principe d’humanité prévu par le droit international humanitaire. Ce sont des dispositions qui n’ont jamais été prises à l’encontre d’une population quelle qu’elle soit, même en cas de guerre.

Ces sanctions d’ordre socio-politique et économiques sont parfaitement illégales et devraient être immédiatement levées.

Le Togo, pour une facilitation de l’accès à l’aide humanitaire

Ces sanctions ont  une possible dégradation des conditions de vie des habitants. Le 5 août, une quinzaine d’organisations signent un communiqué. Elles rappellent que “la combinaison des sanctions et des conflits avec les vulnérabilités existantes au Niger pourrait avoir des effets dévastateurs sur la vie de 4,4 millions de personnes dans le pays qui ont déjà besoin d’aide humanitaire.”

Pour donc aider le Niger à sortir la tête de l’eau, le Togo a annoncé qu’il participe à la facilitation de l’accès à l’aide humanitaire au peuple nigérien. Le patron de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, a en ce sens dans une note adressée au président de la commission de la Cédéao le vendredi 15 septembre 2023, la disponibilité du Togo à « faciliter le travail des agences humanitaires des Nations unies qui apportent une assistance vitale aux populations vulnérables dans le contexte de la crise politico-sécuritaire».

Cet avis favorable du Togo fait suite à la demande des agences onusiennes, notamment du Sous-Secrétaire général des Nations Unies en charge des affaires humanitaires et de la coordination des secours d’urgence. Celui-ci sollicitait la CEDEAO à l’effet de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire au Niger. Ceci, alors que le Togo et les autres pays de la sous-région ont suspendu leurs transactions commerciales avec le Niger suite au renversement le 26 juillet 2023 du président Mohamed Bazoum.

Cette réponse positive de Lomé à la requête de l’organe onusien, ne remet pas en cause la suspension par l’Office Togolais des Recettes (OTR) depuis le 1er août, des transactions commerciales et de service de transit en provenance ou à destination du Niger, indique-t-on. Elle est mue par la prise en compte par le Togo, de «l’intérêt du peuple frère nigérien et de notre communauté», précise la diplomatie togolaise, dans son courrier d’acceptation. Le coup d’Etat au Niger est le 4ème du genre, dans la région ouest-africaine, après ceux du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée.

Vignikpo Akpéné