Elections 2023 au Zimbabwe: Un vote qui ne grandit pas la Zanu-PF et les promesses anti-fraudes du Président Mnangagwa

Afriquinfos Editeur
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Une femme passe devant les listes électorales d'un bureau de vote lors des élections présidentielles et législatives, le 24 août 2023 à Harare, au Zimbabwe.

Le Zimbabwe a continué à voter jeudi 24 aout, notamment dans la capitale, après des retards importants constatés la veille en raison de matériel de vote manquant, une situation critiquée par l’opposition qui dénonce des fraudes.

Une électrice vote à Harare, le 24 août 2023 au Zimbabwe.

Le vote « se poursuit encore dans certaines circonscriptions », a précisé en début de soirée du 23 aout à l’AFP le vice-président de la Commission électorale (ZEC), Rodney Kiwa. Dans des dizaines de bureaux, des foules d’électeurs furieux et épuisés ont attendu longtemps mercredi devant des tentes ou des écoles l’arrivée des bulletins de vote « en cours d’impression ».

Ces retards ont contraint le Président Emmerson Mnangagwa, 80 ans, qui brigue un second mandat, à publier dans la soirée une directive prolongeant le scrutin d’une journée. La pagaille constatée dans certaines circonscriptions clefs a suscité des accusations de « triche » et de « mise à l’écart d’électeurs » de la part de l’opposition.

Le scrutin présidentiel, législatif et municipal oppose principalement la Zanu-PF, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, au principal parti d’opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC) menée par Nelson Chamisa, avocat et pasteur de 45 ans.

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Le processus électoral est « fondamentalement défectueux » et « incapable de produire un résultat électoral libre et équitable », a commenté le porte-parole du CCC, Promise Mkwananzi. Mais le parti, qui mène un décompte parallèle, ne jette pas l’éponge. Selon les premiers éléments dont il dispose, « nous sommes en tête de l’élection présidentielle et nous obtenons de bons résultats aux législatives », a-t-il affirmé lors d’un point de presse.

Par ailleurs, une quarantaine d’observateurs zimbabwéens ont été arrêtés dans un hôtel de Harare mercredi soir, soupçonnés par la police de « coordonner la publication présumée des résultats des élections ». « Il ne peut y avoir de signe plus clair de la profonde panique du parti au pouvoir », a déclaré à l’AFP Charles Kwaramba, un autre porte-parole de la CCC.

– « Mon vote doit compter » –

À Glen Norah, au sud-ouest de Harare, les bulletins ne sont arrivés que vers deux heures du matin. Dans la matinée, des électeurs se représentaient, courroucés mais déterminés, dans cette école servant de bureau de vote, a constaté l’AFP. « Nous avons attendu toute la journée », plus de seize heures, en vain, précise Lawrence Dzukutu, commerçant de 52 ans, revenu voter.

« Certains d’entre nous étaient censés aller travailler », s’agace-t-il, impatient de peser dans ce scrutin qui a semblé à plusieurs moments de la campagne gagné d’avance par le pouvoir en place. Tafadzwa Chipfuva, médecin de 43 ans, « déçu » des contretemps, se dit convaincu que son vote comptera. « Il doit compter, c’est pour ça que je suis là », dit-il avec candeur et conviction.

Le CCC, surnommé « Triple C », fortement implanté dans les villes, a multiplié sur les réseaux sociaux des messages de mise en garde contre des risques de fraude, lors du vote lui-même ou des dépouillements, et d’intimidation, notamment de la part des Forever Associates Zimbabwe (FAZ).

Cette organisation, apparue il y a seulement quelques mois, est soupçonnée d’agir pour le compte de la Zanu-PF au pouvoir. « Nous invitons les citoyens à rester vigilants et à protéger leur vote. Résistez à toute tentative des FAZ ou de faux électeurs de saper la volonté du peuple », écrit le CCC.

Mercredi matin, la ZEC avait rapidement concédé que moins d’un quart des bureaux de la capitale avaient pu ouvrir à temps. Pour Sara Dorman, spécialiste de politique africaine à l’Université d’Édimbourg, le « chaos » et la « confusion » de cette élection zimbabwéenne sont « sans précédent ».

Il est aussi « très clair » que les bureaux de vote manquant de bulletins « se trouvent tous dans des zones considérées comme des bastions de l’opposition », relève-t-elle auprès de l’AFP.