Accusations nigériennes et répliques de Paris autour de la Zone des 3 frontières

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture
Des soldats nigériens se préparent pour une mission conjointe avec des soldats du 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP), le 15 mai 2023 à la base française de Niamey.

Paris (© 2023 Afriquinfos)- Accusée par les putschistes d’avoir violé l’espace aérien nigérien et libéré des terroristes, la France a fermement démenti ces accusations. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, comme sa collègue Catherine Colonna, ont fermement démenti les accusations des putschistes nigériens.

Accusé par les putschistes du Niger d’avoir violé l’espace aérien national et libéré des terroristes, Paris a fermement démenti ces informations, mercredi 9 août, via un communiqué conjoint du ministère des Affaires étrangères, et celui des Armées. «Le mouvement aérien réalisé ce jour au Niger a fait l’objet d’un accord préalable et d’une coordination technique avec les Forces nigériennes, autorisation confirmée par écrit», soulignent-ils, en confirmant une déclaration plus tôt d’une source gouvernementale.

Ces ministères ajoutent qu’«aucune attaque contre un camp nigérien n’a eu lieu. Aucun terroriste n’a été libéré par les forces françaises qui luttent contre ce fléau depuis de nombreuses années au Sahel au péril de la vie de leurs soldats», précisent les autorités françaises.

Paris rappelle que les 1.500 militaires français positionnés au Niger «le sont à la demande des autorités nigériennes légitimes pour lutter contre les groupes terroristes qui déstabilisent la région et martyrisent les populations dans le Sahel». En outre, l’Hexagone souligne que «ces déclarations contre la France constituent une nouvelle tentative de diversion, au moment où la CEDEAO multiplie les efforts de médiation afin de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger».

- Advertisement -

«Le vol effectué ce matin (mercredi 09 aout) a été autorisé et coordonné avec l’armée nigérienne. Et aucun terroriste n’a été libéré par les forces françaises», avait confié une source gouvernementale française.

Les «forces françaises ont fait décoller» mercredi de N’Djamena, au Tchad, «un avion militaire» à «6h1, heure locale», avait indiqué plus tôt un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, pouvoir au Niger). En ajoutant: «Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l’entrée de notre espace de 6h39 à 11 h15, heure locale». Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d’avoir «d’une façon unilatérale libéré des terroristes prisonniers». Le mot «terroriste» désignant des djihadistes armés.

Les militaires au pouvoir à Niamey ont dénoncé la semaine dernière les accords de coopération militaire Niger-France. Ce que Paris a rejeté, au motif que ceux-ci avaient été signés par les autorités nigériennes légitimes. Dans un entretien en date du 5 aout, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé que le «putsch vient fragiliser cette lutte contre le terrorisme dans une zone sahélienne où les groupes terroristes armés connaissent un regain d’activité».

La zone frontalière du Burkina Faso, Mali et Niger, dite du Liptako Gourma, est marquée par une concentration de menaces sécuritaires diversifiées sans précédent: action de groupes radicaux, activités criminelles croissantes, banditisme, conflits communautaires. Depuis 2012, le climat d’insécurité et de violence s’y est détérioré davantage, du fait de la prolifération des groupes armés, l’augmentation des affrontements communautaires et la montée de l’extrémisme violent. Marquée par de fortes vulnérabilités économiques (manque d’opportunités en particulier pour les jeunes), sociales (limitation de l’accès équitable aux services sociaux de base) et climatiques, la région présente des indicateurs de développement humains parmi les plus faibles au monde!

Un projet transfrontalier «Trois Frontières» vise à contribuer à la stabilisation de la zone du Liptako Gourma, en appuyant son développement socio-économique, et en veillant à un renforcement de la cohésion sociale entre les communautés au Burkina Faso, Mali et Niger.

Afriquinfos