Mutations opérées dans la nouvelle Constitution au Gabon

Afriquinfos Editeur
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Parlement gabonais.

Libreville (© 2023 Afriquinfos)- Tous les mandats politiques sont de cinq ans désormais au Gabon. Celui du Président de la République passe de 7 à 5 ans et celui des sénateurs de 6 à 5 ans. Mais ces mandats sont renouvelables à volonté. Le scrutin présidentiel de deux tours est quant à lui ramené à un seul tour. Ces changements interviennent suite à une révision  de la Constitution.

A moins de 5 mois des élections présidentielles et législatives, le Parlement du Gabon a voté ce 06 avril une révision réduisant la durée du mandat du président de la République et celui sénatorial.

Un remue-ménage qui essuie des critiques. Le scrutin à un tour a été dénoncé par une partie de l’opposition (qui avance pour l’heure très désunie) comme un moyen de « faciliter la réélection » potentiellement à une majorité relative du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba qui dirige le pays depuis plus de 13 ans.

Sur 198 votants, 8 seulement ont voté non. Parmi eux, Albertine Maganga Moussavou, député de l’opposition. ‘’Pour nous, les choses ont été biaisées dès le départ. L’objectif qui permet d’éviter les lendemains électoraux de crise, c’est l’amélioration du système électoral. Cet aspect a été annihilé. Donc, nous ne voyons pas l’intérêt d’apporter une quelconque caution à ce qui s’est fait et décidé.’’

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L’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès à Libreville ont « adopté le projet de révision de la Constitution » par « 86% des suffrages exprimés« , « largement au-dessus de la majorité qualifiée requise des deux tiers« , a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi, à l’issue d’un vote retransmis en direct par la télévision publique, « Gabon Première ».

Par contre, au sein du pouvoir, cette révision est qualifiée de « résultat d’un consensus issu d’une concertation politique de 10 jours » en février dernier « entre la majorité et l’opposition« , a laissé entendre le Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Le scrutin présidentiel était déjà passé à deux tours lors d’une précédente révision en 2018.

Année électorale au Gabon

Dès le mois d’août 2023, le Gabon vivra des élections présidentielles, législatives et locales, dont les dates n’ont pas encore été précisées. M. Bongo, 64 ans, avait été élu en 2009 après le décès de son père Omar Bongo Ondimba. Ce dernier dirigea sans partage plus de 41 ans ce petit pays d’Afrique centrale riche de son pétrole et de son bois. Il avait été réélu difficilement en 2016 avec 5.500 voix d’avance seulement sur l’opposant Jean Ping qui avait dénoncé une élection truquée.

Victime d’un AVC en octobre 2018 qui l’a laissé de longs mois éloigné de la scène politique, et à la suite duquel l’opposition continue de mettre en doute sa capacité physique à diriger le pays, il n’a pas encore annoncé sa candidature pour l’été 2023. Mais elle ne fait guère de doute, réclamée par son tout-puissant PDG (Parti Démocratique Gabonais), ultra-majoritaire dans les deux Chambres du Parlement.

Cela fait au total 55 ans que le Gabon est dirigé par la famille Bongo, l’opposition dénonçant régulièrement un « pouvoir dynastique ». Une quinzaine de politiques ont déjà annoncé leur intention de se porter candidat contre M. Bongo en 2023.

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