Sanctions contre le Mali: Alpha Blondy s’invite dans le débat diplomatique

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Abidjan (© 2022 Afriquinfos)- La star internationale du reggae, Alpha Blondy, s’est indignée face aux lourdes sanctions imposées par la Cedeao et l’Uemoa au Mali.

«Je voudrais m’indigner de la décision des sanctions qui ont été prises contre le Mali, ou les Maliens. Je voudrais m’adresser singulièrement à tous les présidents de la Cedeao; ces sanctions que vous avez adoptées contre le Mali sont un aveu de votre impuissance», a dit Alpha Blondy.

Selon la star mondiale du reggae, les Maliens n’ont pas à être victimes de «l’incapabilité» des chefs d’Etat de la région à trouver une solution aux problèmes djihadistes auquel le Mali fait face,  un facteur majeur d’instabilité du pays. «Quand ils ont fait le coup d’Etat contre IBK, vous n’avez pas eu cette réaction aussi violente, aussi radicale. Vous aurez du mal à faire comprendre aux gens que ce n’est pas la France qui vous a dicté cette attitude par rapport à son problème avec le Mali et Wagner», a-t-il martelé.

«C’est très maladroit de votre part. Les Maliens n’ont pas à payer le prix de votre incapacité à gérer un problème africain, domestique», a lancé Alpha Blondy, pour qui «on ne peut pas fermer toutes les frontières» et bloquer leur compte à la Bceao, la banque centrale.

Il a estimé en outre que «ce n’est pas juste», avant d’ajouter: «Je vous demande de réviser votre copie». Ou encore: «Ca coûtait quoi, si vous voulez aider le Mali, que chaque pays de la Cedeao donne 1.000 soldats», une opération que peut d’ailleurs financer la Bceao.

«Vous donnez l’impression que c’est parce que le Mali refuse la collaboration avec l’armée française, qu’il fait appel à Wagner, que vous prenez cette décision», a-t-il dit sans ambages.

En tant qu’Africain et ambassadeur de la Cedeao pour la paix en Côte d’Ivoire, il a affirmé s’être permis de «s’indigner de cette décision aussi arbitraire contre un peuple frère» et que les  chefs d’Etat ne feront «pas payer à tous les Maliens les erreurs de (leur) politique».

«Depuis votre Union africaine, bourrée de marionnettes, le peuple africain ne mérite pas ça. C’est à vous de trouver les solutions, comment aider le Mali à se défaire de ces djihadistes», a-t-il poursuivi. A ses yeux, le problème djihadiste est la cause du «coup d’Etat contre ATT et IBK, alors il faut régler le thermomètre, ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on va baisser la fièvre». Et de conclure: «Messieurs les présidents, je vous en prie, ressaisissez-vous».

24 heures après le Sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO et de l’UEMOA qui s’était tenu à Accra, il a été décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et de suspendre les échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité. Il a aussi été décidé de couper les aides financières et de geler les avoirs du Mali à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Les pays membres ont en outre rappelé leurs ambassadeurs au Mali.

La France a par ailleurs brandi à son tour des sanctions. Cela s’est traduit par la suspension des vols en direction du Mali. «Tous les vols de la compagnie air France à destination de Bamako sont annulés», a-t-on appris.

En réponse aux lourdes sanctions économiques et financières de la Cedeao, le Mali a décidé d’appliquer la «réciprocité». En plus de la fermeture des frontières, le gouvernement de transition a décidé de «rappeler ses ambassadeurs» dans les pays de l’organisation régionale, a informé un communiqué du porte-parole du Gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.

V. A.