Niger: Une soixantaine de morts dans une attaque jihadiste dans la zone des trois frontières

Afriquinfos Editeur
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Des soldats nigériens patrouillent dans le désert d'Iferounane, au Niger, le 12 février 2020.

Une soixantaine de villageois membres de milices d’autodéfense ont été tués au Niger dans une attaque près de la frontière du Mali, dans la région de Tillabéri (ouest), théâtre depuis le début de l’année des actions meurtrières de jihadistes présumés.

L’attaque s’est produite mardi, mais n’a été apprise que jeudi par l’AFP de sources locales – dont un député – et sécuritaire. Elle n’avait pas encore été confirmée de source officielle.

Parmi les personnes tuées figure le maire de Banibangou qui était à la tête de « Comités de vigilance » de plusieurs villages du territoire de sa commune, selon les sources locales.

« Dans cette attaque, il y a eu en tout une soixantaine de morts, neuf disparus et quinze rescapés. Le maire de la commune de Banibangou fait partie des personnes tuées et son corps a été retrouvé », a indiqué un député de la région de Tillabéri.

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« Ce sont des autorités locales, dont des préfets, qui ont été sur place pour voir les corps, qui m’ont officiellement confirmé ce bilan », a ajouté ce parlementaire, sans détailler les circonstances de l’attaque. Selon une autre source locale, « 60 éléments » de « Comités de vigilance » de la commune de Banibangou, ont été tués lors de cette « attaque terroriste » qui a visé 84 d’entre eux circulant à moto, avec notamment à leur tête le maire de la commune.

Les membres de ces comités ont eu « un accrochage à Adab-Dab, une localité située à environ 55 km au nord-ouest de Banibangou, avec des éléments de l’EIGS (Etat islamique au Grand Sahara) lourdement armés » et circulant également à moto, a encore relaté cette source. Les assaillants sont repartis « vers le Mali en emportant les corps de leurs combattants », selon elle.

Une source sécuritaire a « confirmé » l’attaque « survenue mardi vers 09H30 (08H30 GMT) », sans donner de bilan.

– Centaines de morts –

Selon un ex-maire de la région, des villageois s’étaient récemment constitués en comités d’autodéfense pour veiller sur les paysans régulièrement ciblés par des hommes armés dans leur champs.

Ces comités avaient décidé mardi de traquer jusque dans leur repaire riverain de Adab-Dab, des hommes armés qui attaquent les villages et volent le bétail, a-t-il souligné. Depuis le début de l’année, des jihadistes présumés multiplient les assauts sanglants contre des civils dans la zone de Banibangou et des communes voisines de la région de Tillabéri, faisant des centaines de morts.

Le 2 janvier 2021, 100 personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la région et en août, Human Rights Watch (HRW), avait estimé que plus de 420 civils avaient été tués depuis le début de l’année dans l’ouest du Niger.

Cette immense et instable région de 100.000 km2 est situé dans la zone des trois frontières entre Niger, Burkina Faso et Mali, théâtre depuis 2017 d’actions meurtrières de groupes armés liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI).

Lors d’une visite dans la région en septembre, le président nigérien Mohamed Bazoum avait estimé que « l’ennemi se rabat sur des populations désarmées innocentes » et « se livre à un massacre à grande échelle ». « Partout, ils (les jihadistes) s’en prennent aux paysans qui sont dans les champs des villages les plus éloignés, les plus excentrés où ils savent qu’ils n’ont aucune chance de rencontrer nos forces », avait-il ajouté.