Tchad: Vers un force mixte aux frontières libyennes pour prévenir l’incursion de groupes rebelles

Afriquinfos Editeur 32 Vues
4 Min de Lecture
Le chef de la junte militaire au pouvoir, le général Mahamad Idriss Déby Itno, le 27 avril 2021 à N'Djamena, au Tchad.

Le chef de la junte au Tchad a proposé mercredi « de relancer l’accord quadripartite entre la Libye, le Soudan, le Niger et le Tchad » en créant une force mixte aux frontières libyennes, pour prévenir notamment l’incursion de groupes rebelles comme celle d’avril qui a entrainé la mort d’Idriss Déby Itno.

Un accord de coopération sécuritaire entre ces quatre Etats pour lutter contre le terrorisme et les trafics a été signé en 2018, sans empêcher l’installation de paramilitaires dans le sud libyen et l’incursion de rebelles par-delà la frontière dans un pays ravagé par une décennie de violences.

Le le président du Conseil militaire de transition tchadien Mahamat Idriss Déby, le 11 août 2021 à Ndjamena.

« Le Tchad appuie l’initiative de relancer l’accord quadripartite entre la Libye, le Soudan, le Niger et le Tchad par la mise en place d’une force mixte tout au long de ses frontières », a déclaré Mahamat Idriss Déby à l’occasion de la première visite au Tchad du vice-président du Conseil présidentiel libyen depuis le décès du président Déby.

« Notre pays est engagé résolument à jouer sa partition pour aider le peuple libyen, mais en retour le Tchad souhaite vivement que des mercenaires et bandes armées écumant la Libye ne déstabilisent pas les pays voisins », a-t-il précisé. « Les questions relatives à la démilitarisation, à la démobilisation et à la réinsertion de ces hommes armés doivent être un préalable à ses objectifs », a ajouté le président du Conseil militaire de transition.

Le vice-président du Conseil présidentiel libyen Moussa Al-Kouni a de son côté annoncé qu’ »une lutte sans merci est désormais engagée contre ces groupes de mercenaires armés », selon la Présidence tchadienne.

Mahamat Idriss Déby multiplie récemment dans son discours les signes d’ouverture aux groupes armés. Il a lancé « un appel pressant aux politico-militaires » pour qu’ils participent au « dialogue national inclusif » censé « rassembler tous les Tchadiens pour former un pays apaisé ».

Il a aussi promis « des actions concrètes en matière d’amnistie, de libération des prisonniers de guerre, de restitution des biens et de réinsertion professionnelle ». Une vingtaine d’individus se réclamant de l’Union des forces de la résistance (UFR), l’un des principaux groupes rebelles tchadiens, sont arrivés mardi dernier à N’Djamena à l’appel du président Déby. « Aucun membre de l’UFR n’est parti à N’Djamena », a pour sa part affirmé à l’AFP Youssouf Hamid, porte-parole du groupe armé. « Seul un ancien cadre de l’UFR est avec eux, Mahamat Abdelkerim Hanno. Les autres ne font pas partie du mouvement », a-t-il ajouté.

« Le régime n’a pas encore fait de démarche pratique vis-à-vis de nous », a-t-il assuré. Samedi dernier, le gouvernement tchadien avait annoncé diviser par deux ses effectifs déployés en février dans le cadre de la force antijihadiste du G5 Sahel dans la « zone des trois frontières », aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, évoquant « un redéploiement stratégique ».

A l’annonce de la mort du président Déby, son fils s’est arrogé les titres de président de la République et de chef suprême des armées. Il a promis des élections « libres et démocratiques » au terme d’une période de transition de 18 mois renouvelable, mais sans exclure une prolongation de la transition.