Difficile Transition au Mali: le Premier ministre Ouane chargé de former un nouveau « Gouvernement » plus inclusif 

Afriquinfos Editeur
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Moctar Ouane, alors chef de la diplomatie malienne, lors d'une visite officielle à New Delhi le 16 janvier 2009.

Le Premier ministre malien Moctar Ouane a présenté vendredi la démission de son gouvernement et a été chargé de former un nouveau cabinet de « large ouverture », dans un climat social dégradé et à moins d’un an d’importantes échéances électorales, a-t-on appris auprès de la présidence malienne.

Le Premier ministre, un ancien diplomate qui dirige le gouvernement de transition mis en place fin septembre après le putsch du mois d’août, a présenté dans la matinée la démission de son équipe au président de transition, Bah Ndaw, un colonel à la retraite, a indiqué sur Twitter la présidence. M. Ouane a été immédiatement reconduit dans ses fonctions, selon la même source.

« Les échanges entre le président et le Premier ministre ont commencé hier soir sur une éventuelle ouverture du gouvernement », a expliqué à l’AFP un conseiller du président s’exprimant sous couvert d’anonymat. Moctar Ouane « doit former un gouvernement de large ouverture en tenant compte de certaines recommandations du président, qui a écouté la classe politique, les forces vives et les leaders religieux la semaine dernière », a-t-il ajouté. « Le Premier ministre vient de commencer les consultations pour la formation de la nouvelle équipe gouvernementale », a confirmé un proche du Premier ministre ayant également requis l’anonymat.

Les militaires qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020, et qui continuent à dominer les autorités de transition installées en septembre-octobre, se sont engagés à rendre au bout de 18 mois le pouvoir à des civils élus.

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Un calendrier électoral vient d’être annoncé, avec un premier tour d’élections présidentielle et parlementaires le 27 février 2022, ainsi qu’un référendum constitutionnel le 31 octobre précédent. Le doute persiste toutefois quant à leur capacité à tenir leur programme, a fortiori dans un contexte où les violences jihadistes et autres continuent sans relâche, où la contestation politique se fait jour à nouveau et où s’accumulent les signes de grogne sociale.

Le Mouvement du 5-Juin, collectif qui fut en 2020 le fer de lance de mois de contestation achevés par le putsch, a réclamé la semaine dernière la « dissolution » du Gouvernement de transition, ou encore la « relecture » d’un important accord de paix avec certains groupes armés.

Le plus grand syndicat du pays, l’UNTM, a pour sa part déposé un préavis pour une grève de quatre jours à partir de lundi prochain, reconductible. Le médiateur des Etats d’Afrique de l’Ouest au Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a indiqué mercredi à Bamako que les autorités risquaient de devoir fixer des priorités étant donné le peu de temps qui leur reste pour mener à bien cette transition. M. Jonathan a appelé tous les acteurs à travailler « main dans la main ». Dans une période aussi délicate, « l’intérêt supérieur du Mali est ce qui doit prévaloir », et « n’adoptons pas des positions extrêmes », a-t-il convié.